Tension et casse à la 22e manifestation contre la brutalité policière

La traditionnelle manifestation du 15 mars contre la brutalité policière organisée par le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) a été ajournée rapidement par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). L’opération, qui visait à disperser les manifestants, a fait taire les protestations.

Le calme était de mise lors des quarante premières minutes de la manifestation contre la brutalité policière et le fascisme, qui réunissait près de 300 manifestants.

Puis, les vitrines du café Second Cup et de la Banque Laurentienne du Village gai ont été fracassées par une poignée de manifestants. Des projectiles ont été lancés sur les policiers et des feux d’artifice se sont envolés. Cinq minutes plus tard, les policiers ont reçu l’ordre de dissoudre la manifestation.

« À partir du moment où on donne l’ordre de se disperser, nos policiers font des manœuvres pour s’assurer que les gens se dispersent », explique le relationniste du SPVM Manuel Couture.

Les policiers armés de boucliers ont foncé en plein milieu du groupe de manifestants alors qu’ils étaient aux coins des rues Sainte-Catherine et Amherst. Cette offensive les a fait fuir dans tous les sens.

« Les manifestants ont essayé de s’enfuir et de sauver leur peau. On a tenté de se rassembler pour continuer de manifester, mais ça n’a pas été possible parce que les policiers nous ont poursuivis et chargés jusqu’à essouffler le mouvement au complet », raconte William*, membre du Réseau de résistance anti-G7.

Blessures et arrestations

Dans ce climat agité, une manifestante a été blessée et transportée à l’hôpital. Au sein des manifestants, le bouche-à-oreille laissait croire que la blessée avait été heurtée par le bouclier d’un policier, mais le SPVM rapporte que la victime aurait été atteinte d’un projectile lancé par un manifestant.

Selon le rapport du SPVM, trois policiers ont été légèrement blessés et trois arrestations ont été effectuées au cours de la soirée. Une de ces arrestations s’est déroulée près du métro Beaudry alors que la manifestation était terminée depuis un bon moment.

Cette arrestation a eu lieu après que le manifestant aurait crié des insultes à quelques policiers. Sa sœur Angélica, une manifestante de 19 ans, était présente lors de l’incident. Selon elle et d’autres témoins, cette arrestation était injustifiée, car rien de grave ne s’était produit.

Le fascisme s’en mêle

La 22e édition de cette manifestation, organisée par le COBP, se voulait aussi antifasciste. « Tendanciellement, le corps de police est plutôt à droite. Dans les pays européens où il y a des partis d’extrême droite assez forts, comme en Grèce, c’est à peu près 50 % de la police qui vote pour eux », mentionne le professeur en science politique de l’UQAM Francis Dupuis-Déri, présent à la manifestation.

Essentiellement, « la police est une organisation dans la société qui a beaucoup de pouvoir et qui a la chance d’avoir beaucoup d’impunité quand ils abusent de leurs droits », explique-t-il. Il s’agit de la raison pour laquelle les Québécois doivent continuer à s’opposer à la brutalité policière, selon Francis Dupuis-Déri.

* Nom fictif. Cette personne désire préserver l’anonymat par mesure de sécurité.

 

photo : MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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