Un programme qui a fait ses preuves

La perception négative du baccalauréat en droit de l’UQAM dans le milieu juridique se serait dissipée au cours des dernières années, bien que le caractère social du cursus place les étudiants dans une classe à part.

« Au milieu des années 80, le baccalauréat [en droit] de l’UQAM n’était pas valorisé, mais les diplômés se sont démarqués dans la profession. Au fil du temps, il a été reconsidéré, explique l’ancien bâtonnier du Québec de 2010 à 2011, Gilles Ouimet. Aujourd’hui, il n’y a plus ce préjugé qui y était associé il y a trente ans. »

M. Ouimet souligne néanmoins que la qualité de la formation des étudiants du programme en droit de l’UQAM a toujours été la même.

Historiquement, l’UQAM se distingue des autres universités québécoises par son cursus axé sur les enjeux sociaux. « Il y a des programmes de sciences sociales dans les autres universités, mais l’orientation “justice sociale” est mieux définie dans le cadre du programme de l’UQAM », remarque la professeure au Département des sciences juridiques Dominique Bernier, qui enseignait à titre de chargée de cours à l’Université d’Ottawa et à l’Université de Montréal il y a quelques années.

« Les cours de “Droit social” et de “Droits et libertés de la personne” sont obligatoires, alors qu’ils ne le sont pas ailleurs. Sans compter [qu’il y a une] multitude de cours optionnels qui ont à coeur les enjeux sociaux et juridiques qui nous entourent », appuie la diplômée du programme en droit de l’UQAM Marie-Jeanne Gratton, qui a complété son baccalauréat en 2017.

L’aspect pratique et social du programme aide à conscientiser les diplômés, ce qui se reflétait déjà sur le marché du travail dans les dernières années, pense Gilles Ouimet. « En droit criminel, surtout en défense, on ressentait cette influence dans leur ouverture et leur sensibilité à l’égard des réalités différentes », précise-t-il.

Des cours tels que « Droit international privé », « Droit des personnes et biotechnologies », « Droit des rapports individuels de travail » permettent aux étudiants d’enrichir leurs connaissances des normes de justice sociale.

Une pluralité justifiée

La directrice des programmes de premier cycle en droit de l’UQAM, Stéphanie Bernstein, et la professeure du Département des sciences juridiques Dalia Gesualdi-Fecteau s’entendent sur la polyvalence du baccalauréat en droit de l’UQAM. « Certains cours du cursus sont optionnels et permettent [aux étudiants] de voir des cadres régulatoires, des lois et des règlements qui ne sont pas traditionnellement abordés dans un cursus en droit dans la plupart des facultés », précise Mme Gesualdi-Fecteau.

Le programme de l’UQAM impose l’accumulation de douze crédits hors programme afin de varier la formation des étudiants. « Le droit fait appel à la multidisciplinarité. Il est donc nécessaire, afin d’avoir une formation plus robuste, de suivre des cours dans d’autres domaines », justifie à son tour Mme Bernstein.

Structure consolidée

Le baccalauréat en droit offert par l’Université de Sherbrooke offre quant à lui un tronc commun plus structuré, qui s’échelonne sur les deux premières années de formation. « On veut que l’étudiant touche à toutes les branches du droit. Ça contribue à ce que l’étudiant soit mieux préparé pour le Barreau », explique l’étudiante au baccalauréat en droit et responsable aux affaires sociales et sportives du conseil exécutif de l’Association générale étudiante de droit de l’UdeS, Audrey Ann Martin.

Le programme de l’UQAM, qui invite les étudiants à cheminer à travers un cursus plus personnalisé, est également construit en fonction des diplômés en droit qui se dirigent vers l’examen de l’École du Barreau, ajoute la diplômée du baccalauréat en droit de l’UQAM Sandra-Pier Paris-Asselin.

« Les chargés de cours qui enseignent dans d’autres universités comme l’Université de Montréal et l’Université de Sherbrooke sont beaucoup plus structurés, préparés et précis que les professeurs de l’UQAM, à quelques exceptions près », croit plutôt l’étudiante en droit de l’UQAM Amélie-Rose Desormiers, en faisant référence à la préparation des étudiants en vue de l’examen du Barreau.

Le manque de ressources pour orienter les étudiants qui choisissent un parcours différent, notamment pour devenir notaire, est d’ailleurs dénoncé par Sandra-Pier Paris-Asselin. La diplômée considère que ces étudiants ne suivent pas nécessairement les cours les mieux adaptés au regard de leur cheminement professionnel, mais que ces derniers lui ont tout de même permis d’accéder à la maîtrise.

Des discussions sont en cours afin d’ajuster le programme pour qu’il soit plus représentatif des défis que pose le 21e siècle. « La réalité de la procédure décisionnelle est en pleine mutation avec l’intelligence artificielle, les modes alternatifs de règlement des conflits et les contraintes sur les ressources judiciaires qu’imposent successivement les gouvernements », confirme la professeure en droit de l’UQAM Dalia Gesualdi-Fecteau.

 

photo : FÉLIX DESCHÊNES MONTRÉAL CAMPUS

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