Stagiaires unis pour la rémunération

Une soixantaine de manifestants étaient réunis à l’UQAM, hier, à l’occasion de la grève mondiale pour la rémunération des stages. Ils ont entravé une réunion du conseil d’administration en occupant les lieux pour porter leur message jusqu’au rectorat.

L’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE) ainsi que l’Association des étudiant-e-s en travail social (AÉTS-UQAM) étaient en grève tout au long de la journée de mardi. Les revendications touchaient l’ensemble des stages non rémunérés, principalement ceux dans les milieux à forte concentration féminine. « Les femmes ne sont pas du cheap labour », entonnait la foule.

La manifestation s’est étendue jusque dans les locaux du conseil d’administration de l’UQAM. « Le rectorat refuse de nous rencontrer. Il nie son rôle dans la mise aux programmes de stages non rémunérés », lit-on dans une publication Facebook du Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE UQAM). Les membres du conseil d’administration ont patienté dans les couloirs jusqu’à ce que les manifestants quittent les lieux sous le regard des agents de sécurité.

« Pas de salaire, pas de stagiaire! L’exploitation n’est pas une vocation! », scandaient des manifestants en se dirigeant vers le bureau de circonscription de la ministre responsable de l’Enseignement supérieur du Québec, Hélène David. La manifestation emboîtait le pas au groupe international de revendication Global Intern Coalition.

Un mouvement mondial

Plusieurs autres villes ont manifesté de concert avec Montréal. « Bruxelles, Madrid, Paris, New York, Belgrade et Genève dénoncent l’exploitation des stagiaires », a scandé au porte-voix l’étudiante et stagiaire Marie-France Brochu. Au Québec, les Comités unitaires sur le travail étudiant ont manifesté à Montréal, Sherbrooke, Gatineau et Rimouski.

Lors d’une conférence tenue à l’UQAM le 15 février dernier, des étudiantes impliquées au sein du CUTE ont tenté de déconstruire les mythes autour des stages. « Il faut cesser de croire que le ou la stagiaire bénéficie plus du travail qu’il effectue que son employeur », a souligné Sandrine Boisjoli. Le capital social acquis est un avantage du stage, mais cela ne vaut pas une rémunération à proprement parler, a-t-elle expliqué.

Pour obtenir une bourse, l’étudiant doit accumuler douze crédits par session. Or, les stagiaires ne reçoivent pas assez de crédits universitaires pour le nombre d’heures travaillées en milieu de stage, a indiqué l’étudiante Annabelle Berthiaume. Cela crée « une problématique pour la demande de bourses », a-t-elle poursuivi.

Les deux étudiantes mettent également en lumière les violences à caractère sexuel vécues par certaines stagiaires. « Rémunérer un stage viendrait réguler les forces dans le milieu du travail, suggère Mme Berthiaume. Le stagiaire et l’employé deviendraient collègues et entretiendraient donc des relations professionnelles. »

Les prochaines manifestations du CUTE sont prévues le 8 mars prochain, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, et le 1er mai, la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses.

 

photo : MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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