La communauté de l’UQAM appuie Lise Bissonnette

Lise Bissonnette a tapé dans le mille en dénonçant le sous-financement des universités du réseau de l’Université du Québec dans sa lettre de démission publiée ce mercredi dans Le Devoir. Les propos de l’ancienne présidente du conseil d’administration ont obtenu l’appui de la communauté de l’UQAM.

Dans sa lettre de démission transmise au Devoir, Mme Bissonnette a réitéré sa dénonciation du « mépris des pouvoirs publics à l’égard de l’UQAM ». L’ancienne journaliste a affirmé qu’elle délaissait ses fonctions afin de retrouver une « liberté de parole », autrefois limitée par une « autocensure induite » par la nature de sa tâche.

La nouvelle a été accueillie comme « une vague de choc » auprès des membres du conseil d’administration de l’UQAM, selon la co-représentante étudiante au conseil d’administration Nadia Lafrenière.

Au lendemain de sa démission, Mme Bissonnette a profité de sa tribune dans Le Devoir pour contester le faible investissement du gouvernement dans les universités fondées par l’État au profit des établissements dits « à charte ».

Ces propos semblent avoir trouvé écho auprès de différents groupes à l’UQAM. « Elle a entièrement raison. Elle prône la question du financement qui, malheureusement, est moindre, mais qui devrait aboutir au fur et à mesure de nos négociations », exprime la rectrice, Magda Fusaro.  

« Je suis d’accord avec l’analyse [de Mme Bissonnette]. Tous les exemples sont exacts », déclare la présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ), Marie Blais.

Les représentants étudiants siégeant au conseil d’administration ont eux aussi appuyé la majorité des dénonciations de Mme Bissonnette. « On est assez en accord. Il y a de grosses iniquités entre les enveloppes remises aux universités. Le seul désaccord, c’est qu’on ne considère pas que les salaires des recteurs doivent être augmentés », explique le co-représentant étudiant au conseil d’administration de l’UQAM Samuel Cossette.

Mme Bissonnette réagit

En entrevue avec le Montréal Campus, la principale intéressée tente de donner une explication à ce sous-financement du réseau UQ par le gouvernement. « Les plus grandes universités à charte ont des facultés de médecine. L’UQAM n’a pas à rougir non plus en science, mais parce que ce n’est pas de la médecine, ce n’est pas aussi noble », s’enquiert Lise Bissonnette.

Mme Bissonnette remarque aussi que les hommes et les femmes qui siègent au gouvernement provincial proviennent souvent d’universités à charte. « À l’UQAM, on n’est pas encore tout à fait installés dans les offices du pouvoir », déclare l’ancienne présidente du conseil d’administration. Cette dernière a toutefois bon espoir que les choses changeront.

L’ancienne directrice du Devoir espère que sa dénonciation publique puisse ouvrir le débat sur le financement universitaire. « Depuis hier, la ministre [Hélène David] a commencé par contester. Mais, hier soir [mercredi], elle avait complètement changé de discours. Elle a tweeté qu’elle avait un profond attachement à l’UQ », déclare Mme Bissonnette. Elle enchaîne en disant qu’en cinq ans de présidence au conseil d’administration de l’UQAM, elle n’a jamais senti cet attachement à l’UQ de la part du ministère de l’Éducation supérieure.    

Un réseau défavorisé

Dans sa lettre de démission, Mme Bissonnette soulignait notamment le faible financement octroyé par le gouvernement provincial au réseau UQ pour les dix prochaines années. D’ici 2027, le réseau UQ recevra 850 millions de dollars, contre 3 milliards pour les huit autres universités québécoises dites « privées ».  

Ce déséquilibre viendrait du fait que les dépenses d’immobilisation octroyées par Québec sont moins importantes pour les universités du réseau. « Ce sont des décisions essentiellement politiques, affirme le professeur au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Rimouski Martin Maltais. Le HEC [qui ouvrira un pavillon au centre-ville], ça c’est une décision politique. »

Il est à rappeler que l’École des hautes études commerciales (HEC) avait reçu un financement de 94 millions de dollars du gouvernement provincial pour l’ouverture d’un pavillon au centre-ville, entrant ainsi en compétition avec l’École des sciences de la gestion (ESG).

Au-delà des décisions gouvernementales directes, le réseau UQ est désavantagé par les Règles budgétaires et calcul des subventions de fonctionnement aux universités du Québec, selon Martin Maltais. « Depuis qu’elles ont été décidées [les règles], elles favorisent surtout les universités avec des facultés de médecine. Les autres sont défavorisées », note le professeur en sciences de l’éducation.

Une présidente appréciée

La communauté de l’UQAM salue le travail réalisé par Mme Bissonnette pendant cinq ans. « C’était quelqu’un qui défendait l’UQAM et le réseau, et il y en a peu, des gens comme ça », expose Marie Blais. La présidente du SCCUQ ajoute qu’un tel départ est inquiétant pour la suite des choses à l’Université.

« J’espère qu’on va retrouver quelqu’un qui a ces valeurs de partage du savoir », émet la co-représentante étudiante au conseil d’administration de l’UQAM Nadia Lafrenière.

 

photo : FÉLIX DESCHÊNES MONTRÉAL CAMPUS

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