Marche des femmes : manifester après #MoiAussi

Des centaines de personnes se sont réunies samedi à Montréal pour la deuxième édition de la Marche des femmes, un an après celle qui a mobilisé des millions de personnes partout dans le monde à la suite de l’élection de Donald Trump.

Rassemblés sur l’Esplanade de la Place des Arts dès 11 h, les manifestants ont souhaité faire entendre leurs voix dans la foulée des dénonciations d’agressions sexuelles de cet automne, et ce, de façon pacifique et inclusive. « L’objectif de cette manifestation est d’explorer les différentes significations du mot clic #MoiAussi », a expliqué sur scène la responsable de l’organisation de la Marche des femmes, Dahlia Jiwan.

La première édition de l’évènement, l’an dernier, avait attiré plus de 2000 personnes dans la métropole. Le mouvement, né à Washington, souhaitait faire un contrepoids aux faits et gestes du 45e président des États-Unis.

Des pancartes dénonçant les rapports de domination homme-femme, les politiques de Donald Trump ou encore les ratés du système judiciaire canadien en matière d’agressions sexuelles : les luttes à mener étaient nombreuses pour les participants. « Nous avons fait de la violence sexuelle un débat public », a analysé Dahlia Jiwan, également présidente du Centre des femmes de l’UQAM.

Pour la présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel, « nous ne sommes pas des objets sexuels. Nous les femmes, nous sommes les gardiennes du mot respect dans toute sa splendeur et dans toute sa grandeur », a-t-elle clamé sous un tonnerre d’applaudissements.

La foule, compacte, mais très respectueuse, est restée attentive à la dizaine de panélistes qui se sont succédé pour présenter leur vision et leurs expériences de violences sexuelles.

Certaines femmes avaient également ressorti leurs bonnets à oreilles roses. Communément appelés « pussy hats», ils symbolisent la résistance à la présidence de Donald Trump, qui vient de souffler sa première bougie à la Maison-Blanche.

Intersectionnalité à l’honneur

En 2018, le silence est encore de mise dans de nombreuses communautés de la province. « Nous sommes trop souvent portées à choisir de ne pas porter plainte, surtout lorsque les agressions viennent de notre propre communauté », s’est exclamée pour sa part la représentante de Black Lives Matter du Québec, Marlihan Lopez.

« On en a assez de vivre dans un monde où nos sœurs sont violentées, où elles le sont encore plus quand elles ne sont pas blanches, ou célèbres, ou riches, quand elles sont autochtones, ou trans », a fait valoir l’essayiste Martine Delvaux.

Certaines ont d’ailleurs voulu rappeler que les femmes autochtones victimes d’agressions sexuelles n’ont pas eu droit la même attention médiatique lors de leurs dénonciations que les femmes « plus privilégiées ». « Avons-nous déjà oublié les femmes de Val-d’Or qui ont dénoncé publiquement les policiers qui les avaient agressées? », s’est questionnée Marlihan Lopez.

photo: SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS

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