Combattre ses problèmes par le judo

Déjudiciarisation de jeunes contrevenants, émancipation de personnes timides, aide à la guérison de maladies mentales : le judo est une voie thérapeutique efficace, selon une étude réalisée par le doctorant en psychologie à l’UQAM Gilles Lachaîne.

À l’âge de treize ans, Christian Bertrand a pu s’affranchir grâce au judo. «Je suis de nature timide, j’étais aussi une personne qui n’était pas du tout sportive, qui n’avait pas de conscience corporelle. Le judo a été une porte de salut pour moi», se rappelle-t-il.

Plus de 30 ans après avoir cessé de pratiquer ce sport, Christian Bertrand a senti qu’il devait retourner vers son ancien loisir. «Il fallait que je commence à prendre soin de mon corps pour [prendre soin de mon] mental. C’est vraiment la jonction des deux : je travaille mon mental, je travaille mon physique», explique le dentiste de profession.

Une voie thérapeutique

Selon le mémoire Le judo, une voie thérapeutique pour jeunes en difficulté, publié en 2017 par le doctorant en psychologie Gilles Lachaîne, le judo apporte des impacts positifs à la fois sur le corps et sur l’esprit. Ainsi, la pratique de ce sport de contact fournirait «une protection contre la dépression, une accession à un code de conduite et à un mode de vie sain» à ceux qui l’exercent.

Le judo proposerait «une méthode structurée qui permet au jeune de passer par le corps à travers des actions répétées qui lui permettront de développer des réponses appropriées aux situations difficiles du point de vue émotionnel et comportemental».

Grâce aux personnes rencontrées au fil de sa recherche, Gilles Lachaîne a découvert à quel point le judo a un impact bénéfique sur ses adeptes. «Il y a une personne dans ma recherche qui s’est sortie de la dépression par le judo. Elle était isolée dans son monde, elle ne parlait à personne, explique le doctorant en psychologie. [Quand elle faisait du judo], elle ne s’est pas sentie jugée, au contraire, tout le monde l’a accueillie», a-t-il dit.

Déjudiciariser les jeunes

Le Service de police de la Ville de Montréal a tenté d’implanter dans les années 1990 un concept similaire auprès de jeunes à risque. Cette thérapie sportive, basée sur le judo, visait à aider les jeunes qui baignaient dans des comportements illicites.

Selon les policiers impliqués à l’époque dans le programme, «le judo est un instrument qui sert à canaliser l’agressivité et réduire des comportements agressifs à caractère destructeur, tout cela en gardant comme but premier de pacifier le comportement du jeune», est-il inscrit dans le mémoire de Gilles Lachaîne.

Le Programme d’aide et de support sportif aux groupes étudiants (P.A.S.S.A.G.E.), du SPVM, a donc réussi à sortir de nombreux jeunes du cercle vicieux de la violence. Dans le cadre du projet, «88 % des jeunes n’avaient pas récidivé», explique M. Lachaîne.

Or, le jeune ne doit pas modifier ses comportements seulement pour respecter la loi. «Pour qu’il y ait réellement un changement, il faut que le jeune sente que ça lui apporte quelque chose», analyse-t-il.

photo : FLORIAN CRUZILLE MONTRÉAL CAMPUS

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