Autre campus, autre réalité

Une augmentation de 130 % des inscriptions en centres universitaires éloignés a été enregistrée à l’UQAM au cours des dix dernières années. La tranche d’âge vieillissante des étudiants qui fréquentent ces campus semble avoir un impact sur leur choix d’étudier loin du centre-ville.

Les sites de Longueuil, Laval, Lanaudière et l’Ouest-de-l’Île ont vu le nombre d’étudiants passer de 9000 à près de 20000, selon le Service des communications de l’UQAM.

«Une forte majorité de ces étudiants provient du milieu professionnel, mentionne la chargée de cours sur le campus de Longueuil Nicole Jeanneau. Il y a plus de gens qui se trouvent déjà sur le marché du travail et qui choisissent d’aller étudier dans ce genre de campus à cause de la proximité avec leur maison ou leur lieu de travail.»

Cette hausse d’inscriptions se démarque de l’augmentation d’étudiants totale dans le réseau de l’UQAM où on enregistre une hausse de seulement 3 % des inscriptions en 10 ans, passant de 40250 étudiants équivalent temps complet (EETC) en 2007 à 41543 en 2017, selon les statistiques d’inscription du registrariat de l’UQAM.

«La hausse d’inscriptions est le reflet de la hausse d’intérêt des étudiants qui habitent ou travaillent proche de ces campus», appuie la directrice du Service de formation universitaire en région à l’UQAM, Geneviève Gagné.

Pas de crédit

Le site de Longueuil, qui comporte neuf salles de cours, un laboratoire informatique, un salon enseignant ainsi qu’un salon étudiant, accueille entre autres des étudiants qui font un retour aux études ou qui fréquentent l’université parallèlement à leur emploi. «La grande catégorie de personnes qui [étudient à Longueuil] est plus âgée. C’est un profil étudiant différent. […] Ça fait des cours où il y a plus de variances», explique le chargé de cours sur le campus de Longueuil Denis Lévesque.

Les étudiants sont souvent plus intéressés par la matière enseignée, pense la chargée de cours, Mme Jeanneau. «Ils sont aux études pour améliorer leurs possibilités d’avancement dans l’entreprise où ils sont, précise-t-elle, et s’ils choisissent de faire un changement de carrière, ils suivent leurs cours un peu plus sérieusement», comparativement à un étudiant qui sort du cégep et pour qui ce choix peut être plus ardu.

«On est aussi bien desservi qu’au campus principal [en termes de] qualité d’enseignement, mais la clientèle est plus âgée», explique Krysten Mercier, étudiant de 26 ans au baccalauréat en administration, qui s’est redirigé vers Longueuil après avoir débuté ses études à l’UQAM au centre-ville.

La vie étudiante est toutefois moins présente en région éloignée, compte tenu de la grosseur du campus ainsi que de la moyenne d’âge des étudiants. «Je suis plus ici pour le diplôme que pour la vie universitaire autour», ajoute Krysten Mercier qui se dit peu préoccupé par ce genre d’implication. Il estime que les étudiants plus âgés préfèrent se concentrer sur leur diplôme et leur vie extérieure à l’université, mais qu’il ne se sent pas pour autant rejeté du campus principal et qu’il pourrait facilement s’y impliquer s’il le désire.

Accès simplifié

L’accessibilité, facilitée pour bien des étudiants, les encourage aussi à aller suivre des cours à l’université. «Le campus de Longueuil est plus proche de chez moi, et ça [comporte] des coûts de trop pour m’inscrire à l’université si je dois payer du transport supplémentaire [pour aller à Montréal]», explique Laurence Berger, étudiante au certificat en administration à Longueuil.

L’UQAM ne possède toutefois pas les moyens de construire de nouveaux bâtiments éloignés du Quartier latin afin d’accueillir le nombre d’étudiants qui augmente d’année en année, explique la directrice du Service de formation universitaire en région à l’UQAM, Geneviève Gagné. L’université procède plutôt à une location de bâtiment en partenariat avec d’autres universités.

Une partie du campus de Longueuil se situe donc sur l’un des étages du pavillon de Sherbrooke, sur la Rive-Sud de Montréal, depuis septembre 2012.

«Notre université avait des espaces de libres au moment où l’UQAM nous a approché pour une location, donc on a pu répondre à leurs besoins», explique Danielle Barrette, directrice des services commerciaux et gestion des risques de l’Université de Sherbrooke.

Bien que le nombre élevé d’inscriptions sur les campus satellitaires soit bénéfique pour l’UQAM, ce phénomène pourrait devenir problématique s’il continue d’augmenter dans les prochaines années. L’Université de Sherbrooke n’étant plus en mesure de lui louer de l’espace supplémentaire, l’UQAM devrait trouver des solutions extérieures à la location d’espace dans ce bâtiment si un seul étage ne suffit plus pour accueillir tout l’effectif étudiant.

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