Arnaud Soly, de la toile aux planches

Arnaud Soly navigue entre l’improvisation et les réseaux sociaux, mais aussi la musique et la peinture pour réussir dans le monde contingenté de l’humour québécois. Avec à peine deux ans de stand-up derrière la cravate, l’artiste participe déjà à plusieurs émissions, gère une page Facebook fructueuse et travaille au rodage de son premier spectacle solo.

Rencontré près de chez lui sur la rue Beaubien, Arnaud Soly franchit le pas de la porte, une flûte à la main. Si la musique fait depuis longtemps partie de sa vie, il tente aujourd’hui de composer la mélodie de sa carrière émergente en humour.

Pour l’artiste de 27 ans, tout a commencé dans le Quartier latin auprès de ses parents musiciens. Dès l’enfance, il se découvre une passion grâce aux François Pérusse et aux Rock et Belles Oreilles de ce monde. « L’humour a tout le temps été une passion pour moi, explique-t-il. J’en consommais beaucoup quand j’étais petit. J’écoutais des cassettes des Bye Bye et de La petite Vie, et j’allais aux galas du Festival Juste pour rire. »

Faire carrière en humour ne faisait pas partie de ses premiers plans. C’est à la sortie de l’Université Concordia, après un baccalauréat en arts visuels, qu’il a eu le déclic. « Après un an dans un atelier [de peinture], tout seul, je ne sentais pas que c’était ma voie, se remémore-t-il. J’avais besoin d’avoir un contact avec le public. » Un cours d’écriture à l’École nationale de l’humour plus tard, Arnaud Soly fait de l’humour sa priorité.

Force créatrice

Avant le stand-up est venue l’improvisation. Dès l’âge de treize ans, Arnaud Soly s’y lance. Quinze ans plus tard, l’improvisation fait toujours partie de son ADN. « Ça m’a donné des mécanismes de “comique naturel”, affirme-t-il. En impro, tu es en mode survie, ce qui t’oblige à être drôle. Ça m’a aidé à trouver mon personnage de scène et mon énergie comique. »

Pour David Beaucage, jeune humoriste et ami d’Arnaud Soly, l’improvisation a littéralement mis son collègue au monde. « C’était son obsession, précise-t-il. Il y en a pour qui c’est le hockey ou la musique. Pour lui, c’était l’impro, et il voulait être le meilleur là-dedans. »

De fil en aiguille, cette discipline vient tisser la carrière du jeune humoriste, en plus de lui donner les outils pour s’améliorer. « C’est là qu’il a découvert comment faire rire, et qu’il est allé chercher sa confiance, ajoute David Beaucage. L’improvisation est le fondement qui a mené à sa transition vers le “stand-up”. »

Un clic à la fois

Pour rejoindre son public, Arnaud Soly fait grandement confiance à Internet, et plus précisément à Facebook. S’il fait, de son propre aveu, des « conneries » sur le Web depuis 2010, l’humoriste y a connu une montée fulgurante dans la dernière année. « Je sais que pour bien des humoristes, c’est angoissant de trouver leur identité Web, dit-il. Pour moi, c’est naturel, parce que c’est un langage que j’utilise depuis longtemps. »

« Les réseaux sociaux, ce sont des mini-réseaux de diffusion, avance Jo Cormier, humoriste, collègue et ami de longue date d’Arnaud Soly. Arnaud est devenu diffuseur ne serait-ce qu’en participant à plusieurs mouvements sur Facebook. Pour le commun des mortels, ça se partage facilement. Ça crée donc de la demande pour ses spectacles. »

Selon lui, il n’y a aucune chance de voir un jour son ami délaisser le Web. « Il est né de ces mouvements-là, et on n’oublie jamais nos premières amours! », lance Jo Cormier.

Travailleur dans l’âme

Même si le stand-up demeure une priorité, être polyvalent permet de grandir en tant qu’artiste, affirme Arnaud Soly. « J’essaie de garder un équilibre. Ce n’est pas l’humour qui te fait gagner ta vie. Donc, j’ai la chance de travailler à Info, sexe et mensonges et à On dira ce qu’on voudra à Radio-Canada, ainsi qu’à Alt chez VRAK. Ça paie, mais ça permet aussi de me faire voir par un plus grand public », explique l’humoriste qui sera l’une des têtes d’affiche de la série documentaire Les 5 prochains, qui braquera la caméra, au printemps prochain, sur les étoiles montantes de l’humour québécois.

Ce succès grandissant, Arnaud Soly a dû travailler pour l’obtenir, pense son ami David Beaucage. « Arnaud est arrivé très humble en humour, et il a beaucoup analysé le milieu. Puis, il a établi un plan et a mis les heures nécessaires. »

L’improvisateur chevronné pense être encore loin de la consécration. Si sa carrière a démarré sur les chapeaux de roues, il ne veut pas uniquement se contenter des fleurs qu’on lui a déjà lancées. « Pour moi, la vraie recette, c’est d’avoir une constance dans mon éthique de travail et dans la qualité de mon matériel, dit-il. Je n’aimerais pas que dans trois ans, les gens disent: “Il est rendu où, lui?” Je ne veux pas être un feu de paille. »

 

photo: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS

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