Une soirée à l’honneur des « Gurls »

De plus en plus d’artistes féminines se démarquent sur la scène hip-hop québécoise. Le 23 novembre dernier, l’artiste Modlee était de passage au Groove Nation dans le cadre de « GURL : Hip-hop au féminin », un événement spécialement conçu pour mettre les rappeuses à l’avant-scène.

La tête d’affiche établie à Québec, Gabrielle Hébert-Stoddard, mieux connue sous le nom de Modlee, était très contente de faire partie de cette initiative exclusivement féminine. Elle pense toutefois que l’accent est trop souvent mis sur cet aspect particulier.

La situation des femmes dans le hip-hop québécois est toutefois déplorable, selon Marie-Joëlle Cromp, l’une des organisatrices de l’événement. « Elles sont souvent dénigrées et leur image est même salie », regrette-t-elle. Avec huit autres étudiants de l’UQAM, Marie-Joëlle Cromp a organisé ce spectacle dans le cadre d’un cours d’organisation d’événement rattaché au baccalauréat en action culturelle. Ce projet de classe destiné à amasser des fonds pour la fondation de l’UQAM a grandement dépassé les attentes, cumulant plus de 2 000 $.

Une question de travail

Quand Modlee pense à la réussite du groupe Alaclair Ensemble, récipiendaire d’un Félix pour l’album hip-hop de l’année, elle n’y voit pas un groupe d’hommes, mais des artistes qui « bossent » depuis plus d’une dizaine d’années. « Ce n’est pas juste une question de hip-hop féminin, c’est une question de travailler fort, rappelle Modlee. Que tu sois un homme ou une femme, il faut que tu sois passionné. »

Selon l’artiste, c’est l’ensemble de la scène hip-hop qu’il faut mettre de l’avant pour montrer l’importance de cette communauté, hommes et femmes confondus. « Au Québec, on voit que le hip-hop est encore très méconnu, affirme-t-elle. Quand la population québécoise va être plus ouverte au hip-hop, on ne fera plus la différence entre un homme et une femme, on va juste voir l’artiste. »

Marie-Joëlle Cromp regrette qu’il y ait peu de spectacles dédiés aux femmes qui font du hip-hop à Montréal. Selon elle, ces spectacles sont nécessaires pour promouvoir les rappeuses dans cette scène qu’elle trouve dure envers les femmes.

Modlee pense que ces événements exclusivement féminins sont une bonne solution à court terme pour mettre celles-ci en valeur, mais que la scène hip-hop féminine ne devrait pas se restreindre à ce type d’initiatives. Pour la chanteuse RnB, ces spectacles représentent une occasion de briser le plafond de verre. « On a besoin d’événements comme ça pour se promouvoir, mais à long terme ça va être bon de mélanger la scène, avec des hommes et des femmes pour montrer la collectivité qui se rassemble », défend-elle.

Modlee était d’ailleurs accompagnée sur scène de son compagnon de vie et beatmaker, VLooper, le cerveau derrière le dernier album d’Alaclair Ensemble. C’est avec lui qu’elle a collaboré sur son EP Queendom lancé en janvier dernier. Ils ont pris place sur scène devant une foule d’un peu moins de 100 personnes dans une salle qui aurait pu en contenir presque 300. Modlee a réussi à capter furtivement l’attention du public le temps d’une nouvelle chanson, Fly, qu’elle a dédiée à ses amis d’Alaclair. Elle a ravivé la foule aux premières notes de la chanson titre de son EP Queendom qu’elle a offerte à la toute fin de son spectacle, avant de quitter la scène, sans rappel.

Les organisateurs de « GURL : Hip-hop au féminin » espèrent tout de même donner une seconde chance à ce genre d’événement en mettant de l’avant les artistes féminines de la scène hip-hop québécoise.

 

photo: MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS

Modlee pendant sa prestation lors de la soirée « GURL : Hip-hop au féminin ». 

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