Discuter, socialiser et décompresser grâce au religieux

Au même titre que l’art et le sport, les associations religieuses de l’UQAM permettent aux étudiants d’échanger et de se retrouver au moyen de diverses activités organisées chaque semaine au sein de l’université.

« Ce n’est pas nécessairement tout le temps la foi qui prône, mais plutôt le côté social et humain », soutient la présidente de l’association œcuménique* des étudiants de l’UQAM (IKTUS), Lucie Quevillon. En plus des traditionnels groupes de prières, le IKTUS offre des activités d’animation pastorale ouvertes à tous comme des conférences, de la chorale et des cinémas-discussions. Au moins trois activités différentes sont mises sur pied par le IKTUS toutes les semaines et chacune réunit une douzaine d’étudiants, qu’ils soient de confession chrétienne ou non.

L’association des étudiants musulmans (AEM) organise également des conférences accessibles à tous chaque vendredi soir. «Ces activités servent à ce que les étudiants musulmans et non-musulmans puissent se regrouper et se rencontrer», explique la vice-présidente marketing de l’AEM, Douae El Jibari.

Plus social que religieux

Les associations religieuses sont une excellente porte d’entrée pour se faire un réseau social avec lequel les membres peuvent échanger sur plusieurs enjeux d’actualités sans sortir des murs de l’université, explique Mme Quevillon. Pour le professeur du département des sciences de la religion Frédéric Dejean, il est plus simple pour des élèves croyants de se tourner vers des associations à caractère religieux ou confessionnel, bien que cela peut limiter certains élèves à sortir de leur zone de confort. « Ils ont l’habitude de sociabiliser avec des personnes de même confession qu’eux, alors ils se retrouvent plus facilement avec ces gens-là », explique-t-il.

Il est important d’avoir des associations comme le IKTUS ou l’AEM pour des étudiants qui, par habitude ou tout simplement parce qu’ils se sentent plus à l’aise, se tourneront davantage vers ces options. « Pour eux, discuter est plus facile lorsque c’est dans un contexte religieux où ils peuvent mettre leurs pensées en mots dans un vocabulaire religieux », poursuit-il. Le professeur est toutefois d’avis qu’il est nécessaire que de telles associations religieuses offrent des lieux et des moments qui rendent possible la rencontre avec des personnes qui ne sont pas membres de ces groupes. « Le danger serait que le groupe religieux ー mais ceci est vrai de tous les groupes ー fonctionne comme des sortes de citadelles qui ne communiquent absolument pas avec l’extérieur », explique Frédéric Dejean.

« La religion n’est jamais que religieux »

Selon Frédéric Dejean, la pratique religieuse à l’école est aussi une façon de gérer la pression ou le stress lié aux études. « Pour certains, décompresser va passer par le sport ou le théâtre, mais pour d’autres ça passe par la religion », estime-t-il. Les activités offertes par des associations comme le IKTUS ou l’AEM facilitent cet accès. « On travaille, on étudie, mais avec la chorale par exemple, on peut relaxer », soutient Lucie Quevillon. Pour Mme El Jibari, il va de soi que les halaqas, conférences à thèmes religieux tenues chaque vendredi, sont un moyen d’apaiser les élèves et de se ressourcer. « Ce n’est pas pour rien que nous organisons cela à la fin de la semaine, car les gens sont fatigués, ils veulent sortir du cadre scolaire », explique-t-elle.

Bien qu’il y ait un aspect spirituel, les discussions offertes permettent de répondre simplement à des questions universelles comme, par exemple, l’avenir, les relations humaines ou le stress. « Il y a un côté philosophique, car beaucoup de nos activités permettent de se donner un sens à soi-même et de réfléchir sur le sens de la vie », soutient la présidente du IKTUS.

Les discussions peuvent regrouper toute sorte de gens et ont donc plus de chance de créer des conflits. Lucie Quevillon en a déjà eu l’expérience avec un membre qui ne partage pas toujours ses convictions. Selon la représentante en marketing de l’AEM, l’association a aussi pour but d’éduquer tous les étudiants sur l’islam. « On représente l’UQAM, donc c’est important de créer une cohésion entre les étudiants musulmans et les non-musulmans, puis de répondre à leurs questions» , explique Douae El Jibari.

Selon Frédéric Dejean, se cantonner avec un même groupe n’est jamais idéal dans une société. Chacun devrait varier ses fréquentations et il en est de même pour les groupes religieux. « Rester entre soi, c’est une des limites qui n’est pas propre qu’aux croyants, on a tous cette tendance par habitude, par paresse ou simplement parce que ça nous rassure », explique-t-il.

Le IKTUS existe depuis vingt ans et est l’association reconnue la plus vieille de l’UQAM. Elle compte une vingtaine de membres et bien qu’elle soit propre à un culte religieux, elle est ouverte à tous. « Nous avons des gens chrétiens, mais aussi des athées et même une étudiante musulmane à la chorale », explique Lucie Quevillon. Douae Ji bari est aussi d’avis que l’isolement est un risque. « L’AEM n’a pas pour but d’être uniquement réservée aux gens de confession musulmane. Elle vise plutôt l’intégration », explique-t-elle. Les groupes religieux peuvent être porteurs d’un discours particulier sur la société peu importe les opinions, mais selon Frédéric Dejean, il est toujours préférable d’avoir une pluralité des visions au lieu d’un spectre étroit des points de vue.

*Regroupant tous les mouvement du christianisme

 

photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS

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