En mode séduction pour les jeunes électeurs

Aller chercher le vote des étudiants est un défi difficile à relever, mais les partis politiques municipaux montréalais sont bien décidés à changer la donne lors des élections municipales du 5 novembre prochain en proposant des mesures touchant directement la jeunesse, notamment en matière de logement et de transport.

Réseaux de métro et d’autobus congestionnés, arrondissements avec un accès difficile au centre-ville et cohabitation précaire des vélos dans les rues; l’enjeu du déplacement est au coeur de ces élections municipales. « Il faut à tout prix améliorer la mobilité sur l’île en diversifiant l’offre, par exemple en améliorant les services d’autobus de nuit ou en augmentant le nombre de pistes cyclables dans les arrondissements les plus éloignés », explique le président du Conseil jeunesse de Montréal, François Marquette.

« Il n’y a rien de plus frustrant que de voir les autobus ou les métros bondés passer devant soi sans pouvoir y embarquer, si bien qu’on finit par arriver en retard. On ne veut plus de ça », affirme le candidat de Projet Montréal au conseil municipal de Parc-Extension, Rafik M. Bentabbel. Son parti propose de désengorger la ligne orange en introduisant la fameuse ligne rose, un tracé qui permettrait de relier Lachine et Montréal-Nord en passant par le centre-ville, ainsi qu’en ajoutant 300 autobus au réseau de la STM. « Nous ne serons plus entassés comme du bétail pendant l’heure de pointe! », s’exclame M. Bentabbel.

« La ligne rose, c’est une promesse électorale “bonbon” », commente quant à elle la présidente de l’aile jeunesse de l’Équipe Denis Coderre et candidate au poste de conseillère municipale à Verdun, Marie-Eve Brunet, qui a un doute sur la faisabilité du projet. « [L’Équipe Coderre] propose des projets réalisables, concrets et chiffrés, comme le Réseau électrique métropolitain ou le prolongement de la ligne bleue », indique la jeune femme de 33 ans. Le REM s’étalera aux deux rives de Montréal en plus de l’ouest de l’île, zones où aucun métro ne se rend actuellement. Le train électrique se combinera à l’allongement de la ligne bleue vers Anjou, afin d’augmenter les options de déplacements collectifs.

Le chef de la Coalition Montréal, Jean Fortier, craint toutefois que le REM ne soit qu’un « éléphant blanc », c’est-à-dire un projet plus coûteux et prestigieux que bénéfique pour la ville. Cependant, il abonde dans le sens de ses adversaires quant à la nécessité d’améliorer le service de métro. Jean Fortier et son parti proposent pour leur part la « ligne du savoir », une initiative visant l’expansion de la ligne bleue pour relier le nouveau campus de l’Université de Montréal, situé dans Outremont, à ceux de McGill et de Concordia pour ensuite s’étendre à l’École de technologie supérieure (ETS), tout en conservant l’extension de la ligne bleue à Anjou. « Notre projet aura les mêmes effets sur les déplacements du nord-est vers le sud-ouest pour moins du quart du prix de la ligne rose de Projet Montréal », déclare le candidat à la mairie. Afin de multiplier les options de déplacements pour les cyclistes, Coalition Montréal étudie l’option d’apporter son vélo dans le métro lors des heures de pointe, en plus d’installer des supports à bicyclette sur la majorité des autobus. L’instauration de pistes cyclables sécuritaires est crucial selon lui pour l’agglomération de Montréal. « On ne veut plus de morts », martèle le président du Conseil jeunesse.

Montréal et l’enjeu des logements

Les élus devront s’attaquer à la crise de logis abordables en bonifiant l’aide aux premiers acheteurs, croit le président du Conseil jeunesse de Montréal, dont la mission est de définir et de résoudre les problèmes ciblant la jeunesse montréalaise. « Que ce soit pour les logements sociaux ou étudiants, il est nécessaire d’aider les personnes à plus faibles revenus à acquérir une propriété », insiste-t-il.

Du même avis, Projet Montréal désire stabiliser la situation des logements, en « utilisant tous les moyens à [leur] disposition pour éviter que le prix des loyers n’explose. » Le parti du maire sortant s’engage quant à lui « à dédier des logements spécialement adaptés pour les étudiants à proximité de leur campus », selon la candidate rencontrée par le Montréal Campus.

Jean Fortier estime que « miser sur une densification de la population autour du réseau de transport collectif » est le meilleur moyen de s’y prendre pour « baisser les coûts pour tout le monde ».

L’art en ville

« Les jeunes artistes de Montréal doivent être mieux accompagnés et supportés. Il faut leur laisser l’opportunité de s’intégrer à la scène culturelle en par des programmes du Conseil des arts, en les laissant s’approprier des espaces vacants et en les incluant dans la collection d’art de Montréal, commente le président du Conseil jeunesse. Ce sont des moyens d’action faciles à mettre en place, qui nécessitent seulement une prise de position des élus. »

L’art urbain occupe une place importante dans la plateforme culturelle du parti de Rafik Bentabbel, Projet Montréal. « En redonnant les rues aux artistes, on remet l’art dans l’espace public. Cette appropriation favorise le sentiment d’appartenance à la ville et à son quartier. »

L’Équipe Denis Coderre reste dans la même optique. « On veut multiplier les quartiers culturels à travers la ville en créant des lieux de création, de production et de diffusion dynamique, avec les bibliothèques municipales et les initiatives citoyennes », explique Marie-Ève Brunet.

Coalition Montréal souhaite élargir la culture dans toute la communauté du grand Montréal. « Les jeunes des banlieues ont plus de difficulté à accéder aux pôles d’attractions culturelles très centralisés. Il faut que toute cette culture soit partagée dans les dix-neuf arrondissements de la métropole, mais aussi dans ses villes en périphéries », commente M. Fortier.

À un mois des élections, le doute plane encore sur le taux de participation chez les jeunes, mais le président du Conseil jeunesse se veut rassurant. « Avec toute la couverture médiatique entourant cette élection, en plus de l’intérêt grandissant des jeunes pour les enjeux municipaux, je pense bien qu’il y aura beaucoup de surprises cet automne », prédit-il.

 

photo: MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS

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