Le Mois de la photo est mort, vive le Momenta!

À l’occasion de la quinzième édition du Mois de la Photo à Montréal, le festival change de nom et devient Momenta|Biennale de l’image, avec pour thème De quoi l’image est-elle le nom?. Cette exposition, qui se déploie dans différents quartiers de Montréal, questionne l’authenticité de l’image à travers le travail de trente-huit artistes venus des quatre coins du monde.

La thématique de la Biennale tire son origine d’une réflexion du commissaire invité Ami Barak sur la véracité photographique. Frédéric Lavoie, artiste vivant et travaillant à Montréal, se réjouit de la question soulevée dans le titre de la Biennale. « J’aime l’idée que l’image est le nom de quelque chose qu’elle ne montre pas », affirme-t-il. L’oeuvre de ce dernier, Rue Notre-Dame 1887, est présentée à la Galerie VOX dans le cadre de l’exposition principale. Elle consiste en la projection d’une photographie d’époque de William Notman, le premier photographe canadien de renommée internationale, accompagnée d’une création sonore de son cru. « Mon idée est d’explorer les possibles et de multiplier les versions lorsqu’il s’agit d’orchestrer une ambiance sonore », ajoute M. Lavoie.

Jonas St. Michael, également basé à Montréal, présente de son côté l’une des quatorze expositions individuelles nommée On Theatre Road à la Maison de la culture Frontenac. Ce dernier adhère à l’idée du commissaire Ami Barak, selon laquelle il faut prendre du recul par rapport aux images que l’on regarde. « Les images laissent peu de place au doute ou aux questions, explique M. St. Michael. En tant qu’artiste, il est essentiel de questionner et de ne pas associer sans détour une image à sa réalité. »

Une vitrine pour les artistes Montréalais

Selon la directrice générale de l’exposition, Audrey Genois, exposer aux côtés d’artistes de partout dans le monde permet d’obtenir une couverture médiatique internationale exceptionnelle. « C’est difficile pour les artistes montréalais de se positionner par rapport à ce qui se fait ailleurs », souligne-t-elle. Les communications internationales sont effectivement très coûteuses, causant ainsi l’isolement de Montréal par rapport aux autres grands centres artistiques.

Pour Jonas St. Michael, la Biennale est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur son domaine. « J’ai rencontré des artistes et découvert des pratiques dont j’ignorais l’existence », explique-t-il.

Des défis d’envergure

« La photographie est loin d’être mal-aimée à Montréal, lance Mme Genois. Elle permet même de démocratiser l’art, car elle intéresse souvent un public moins initié. » Malgré l’enthousiasme suscité pour ce médium, l’organisation de la Biennale ne vient pas sans obstacles. « Présenter un événement d’envergure internationale implique énormément de dépenses, explique la directrice générale. Le coût du transport d’oeuvres d’art est astronomique et, actuellement, le financement ne nous permet pas de produire des oeuvres dans le cadre même de l’exposition. »

Malgré tout, l’événement ne fait qu’évoluer depuis sa première édition, il y a de cela trente ans. Chaque année, des ateliers et des conférences sont organisés par la direction afin de contribuer à la réflexion du public autour de différents enjeux artistiques. Si cette exposition enrichit considérablement la scène photographique montréalaise, elle gagnerait à être discutée ailleurs dans le monde. « Si on veut se positionner encore plus fortement comme Biennale internationale de l’image, il faudra absolument trouver des solutions à ces problèmes de diffusion hors frontières », conclut Mme Genois.

 

photo: ROSALIE DION MONTRÉAL CAMPUS

Photographies de Luis Arturo Aguirre présentées à la Galerie de l’UQAM dans le cadre de Momenta|Biennale de l’image.

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