Étudiants autochtones : Un groupe de travail sur la Réconciliation à la Commission des études

Un groupe de travail sur la Réconciliation sera formé à la Commission des études pour faire suite à la présentation d’un rapport sur l’intégration des étudiants autochtones à l’UQAM.

C’est l’annonce qu’ont fait le vice-recteur à la Vie académique René Côté et le doyen de la Faculté de science politique et de droit, Hugo Cyr, lundi dernier, lors de la présentation du rapport de la doctorante Léa Lefevre-Radelli et du professeur Laurent Jérôme Expériences, politiques et pratiques d’intégration des étudiant.es autochtones à l’université : le cas de l’UQAM.

Le rapport recommande notamment d’engager des agents de soutien pour servir de mentors pour les étudiants autochtones dès leur arrivée sur le campus. Le document donne entre autres en exemple le cas de Marjolaine, une mère étudiante qui est arrivée à Montréal à l’âge de 35 ans et qui « n’a emprunté son premier ouvrage à la bibliothèque universitaire qu’après trois ans et demi de cours, car elle pensait que la bibliothèque n’offrait qu’un service de consultation sur place. »

Ces mentors pourraient aussi épauler les étudiants autochtones dans leurs choix de cours, les guider sur le campus et offrir de l’aide psychologique à ceux ou celles qui en auraient besoin.

Il est également proposé de procéder à la création « d’un lieu de socialisation et de travail consacré aux étudiants autochtones, ouvert toute la journée et facile d’accès au sein de l’UQAM. » En clair, un local comme il en existe dans d’autres universités québécoises.

Nouveau groupe de travail institutionnel

« Je tiens à vous dire que ce groupe déposera un premier rapport en septembre prochain, nous avons dit oui au changement et pour y arriver ce comité va consulter toutes les parties prenantes et faire des recommandations à la direction de l’Université », a affirmé lundi René Côté.

Malgré les tentatives d’inclusion du vice-recteur, le coordonnateur du Cercle des Premières Nations (CPN), Gustavo Zamora Jiménez, qui était sur place, a d’emblée dénoncé l’absence de personnes autochtones sur ce nouveau groupe de travail. « Pourquoi [ne pas avoir] dit qu’à l’intérieur de ce comité devait être présent le Cercle des Premières Nations de l’UQAM », a-t-il questionné.

Si Léa Lefevre-Radelli et Laurent Jérôme ont mentionné que leurs recommandations « ne réinventent pas la roue », elles ont tout de même été saluées par plusieurs collègues, dont la directrice générale du Conseil en éducation des Premières Nations, Lise Bastien et le coordonnateur du CPN, M. Zamora Jiménez qui « s’attend à ce que l’UQAM se dote de politiques institutionnelles concernant les étudiants autochtones. »

Si la création d’un groupe de travail pour émettre des recommandations suite au dévoilement de recommandations faites par une équipe de recherche peut étonner, le doyen de la Faculté de science politique et de droit Hugo Cyr assure que c’est la façon de procéder. « Ce rapport fait certaines recommandations concrètes et on peut aller de l’avant avec ça, mais maintenant que l’on a un portrait de la situation, il faut voir comment on va l’ « opérationnaliser » concrètement », explique-t-il.

Un manque de données

Dès les débuts de la recherche de Mme Lefevre-Radelli, plusieurs données se sont avérées plus compliquées à collecter que prévu. La chercheuse donne par exemple la difficulté à quantifier le nombre d’étudiants autochtones sur le campus. Suite à une demande d’accès à l’information, l’UQAM lui aurait répondu qu’elle ne disposait pas de « données sur les étudiants autochtones. Lorsque la demande d’admission est entrée dans le système, l’étudiant ayant sélectionné “Amérindien” se retrouve dans “Canadien” ». Une méthode qui « insulte » l’étudiant en design graphique et membre de la nation atikamekw Terry Randy Awashish. « On dirait que l’UQAM refuse de reconnaître la présence autochtone dans son institution », a-t-il laissé tomber.

Une façon de faire qui pose aussi problème sur le plan institutionnel, comme le dénonce le cofondateur de la concentration en études autochtones de l’UQAM, Laurent Jérôme. « Dès qu’on essaie de mettre des mesures en place, les premières questions qu’on se fait demander c’est : c’est pour combien d’étudiants? »

Si le rapport dénonce l’invisibilisation institutionnelle des étudiants autochtones, plusieurs étapes sont en place pour améliorer la situation. « On comprend que l’UQAM est en train de s’organiser et il est nécessaire que les gens des services et de la haute direction se rencontrent, mais il faut rester optimiste quant à l’application de nos recommandations. Il reste juste à voir quand ça va être appliqué », conclut Laurent Jérôme.

Photo: CATHERINE LEGAULT MONTRÉAL CAMPUS

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