Jouer l’horreur

C’est une pièce hors de l’ordinaire que présente l’École supérieure de théâtre de l’UQAM avec 11 septembre 2001. Rappelant les événements tragiques survenus à New York grâce à une adaptation du texte initial de Michel Vinaver, la production réussit adroitement à plonger le public dans un univers violent, lourd et angoissant tout en le surprenant avec une mise en scène des plus particulières signée par Emmanuel Schwartz.

En s’attaquant au terrorisme, mais aussi à toutes ses répercussions, les étudiants touchent un sujet sensible et pénible qui est toujours d’actualité. C’est un thème difficile à aborder et pourtant, le texte et son interprétation présentent brillamment les différentes réalités qu’englobent ces tragédies terroristes. Afin de représenter différents points de vue, tous les comédiens interprètent plusieurs personnages. De cette façon, la pièce traduit avec efficacité les réactions des  médias, des victimes, des politiciens, des tueurs, des héros, des religieux, des spectateurs et des survivants à l’égard des attentats.

Combinant des témoignages, de la poésie, de la danse et du chant, 11 septembre 2001 amène le spectateur plus loin qu’une simple pièce de théâtre. Ce mélange interdisciplinaire peut par moment choquer, car il semble inhabituel au théâtre de voir un comédien se dévêtir puis s’enduire de peinture d’argile par exemple. Une telle démonstration impressionne aussi beaucoup et il est impossible de rester indifférent face à la complexité de ce qui est présenté.

Une pièce qui bouge

Schwartz bouscule les esprits avec une mise en scène tout en mouvements et ponctuée de chorégraphies. L’utilisation juste de l’entièreté des éléments artistiques (éclairage, musique, décors, etc.) rend parfois les scènes lourdes et poignantes. D’ailleurs, une scène en particulier a bouleversé l’auditoire alors que parmi un amas de corps prisonniers d’un filet, une comédienne éclairée par une seule lumière chuchote son texte dans un microphone.

Les répliques sont échangées avec une musicalité impressionnante et quelque peu déconcertante. Souvent, les personnages chantent leur texte ou le récitent dans un microphone, sinon ils forment un choeur. Cela rend la présentation très dynamique, mais aussi parfois malheureusement absconse, car il est difficile de cerner tout de suite pourquoi une scène est ainsi présentée. Le tout demande du recul et de la réflexion.

Les costumes sont également particulièrement impressionnants. D’ailleurs, ceux-ci, tout en restant simples, changent au cours de la production. Au départ, les protagonistes sont habillés proprement, puis graduellement ils finissent avec des vêtements tachés de sang, sales et déchirés. Cette transformation vestimentaire traduit agilement la douleur subie par les différents protagonistes.

11 septembre 2001 est une pièce complexe qui demande à être comprise. Schwartz et ses comédiens livrent une oeuvre qui documente plusieurs histoires de manière parfois abstraite. C’est au public de se laisser transporter dans cet univers aussi douloureux qu’intéressant, présenté au moyen de l’art dans toutes ses formes.

Photo: COURTOISIE ÉCOLE SUPÉRIEURE DE THÉÂTRE DE L’UQAM

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