Pour des études plus égalitaires

Le syndrome de l’imposteur, l’anxiété de performance et les rapports de domination dans la hiérarchie universitaire sont des thèmes qui ont été discutés le 18 février dernier, à l’occasion du premier atelier Être femme aux cycles supérieurs. Les étudiantes se sont ouvertes les unes aux autres dans l’espoir de trouver des pistes de solution.

Durant deux ateliers d’environ une heure, les étudiantes, pour la plupart à la maîtrise ou au doctorat, ont abordé les enjeux qui les touchent et qui souvent les fâchent. Ensemble, elles ont débattu, analysé et partagé des expériences communes. « Ç’a permis de voir que ce n’est pas juste nous qui nous faisons des idées, de voir que ces faits individuels ont un contexte politique. Il y a des structures qui influencent la manière dont on se sent. En parler, ça fait ressortir ces structures-là », explique Naomie Léonard, étudiante à l’UQAM. « On se rend compte à quel point ces structures sont fortes », ajoute Annabelle Podlasiewicz. Selon elles, la hiérarchie universitaire accorde beaucoup de pouvoir à ceux qui supervisent les étudiantes aux cycles supérieurs et peu de mécanismes assurent une supervisation juste et équitable.

Être femme à ses dépens

La question du rapport de force avec les directeurs et directrices de thèse ou de mémoire a été soulevée à maintes reprises. Plusieurs étudiantes, malgré leurs domaines d’études différents, vivraient des situations similaires. La discrimination serait encore très présente, selon plusieurs témoignages de participantes qui s’estiment défavorisées en raison de leur sexe.

La notion de domination lors des séminaires a également soulevé bien des passions. Sans mécanismes de gestion du temps de parole, les séminaires finissent bien souvent par être menés par les mêmes personnes, le plus souvent des hommes, ont exprimé les participantes. Selon elles, le système met en place des processus de socialisation qui amènent les hommes à parler plus fort et les femmes à s’excuser, à se taire. Un cercle vicieux qui se termine souvent par l’autocensure.

Sortir du statu quo

Quelques solutions ont été soulevées pour permettre aux femmes de cheminer dans un environnement plus égalitaire. L’utilisation accrue des ressources de lutte contre le harcèlement et la discrimination, comme le Syndicat des étudiant-e-s employé-e-s de l’UQAM, pourrait être une option. Elles ont également proposé d’utiliser les mécanismes de régulation employés en Assemblées générales lors des séminaires.

L’évènement s’est déroulé en partenariat avec l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM, représenté par sa directrice, Rachel Chagnon. « On considère que, pour les femmes, c’est encore un défi de pénétrer le monde universitaire, a-t-elle affirmé dans son discours de présentation. Votre participation à un évènement comme celui-ci est un élément important pour nous aider à parvenir à un monde meilleur, où chaque être humain est reconnu pour sa vraie valeur », soutient-elle.

Chez les quatre organisatrices, la réponse est unanime : l’évènement a été un succès. « On a créé cet évènement-là parce qu’on trouvait qu’on n’avait pas assez d’opportunités pour s’exprimer [par rapport aux études supérieures], et je pense que ça s’est reflété chez les participantes, estime Mélanie Radilla. Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles étaient contentes de pouvoir partager en groupe parce qu’elles n’en parlent jamais dans leur entourage. Ça les soulage de pouvoir enfin s’exprimer », constate-t-elle.

Le prochain évènement, qui se tiendra le 18 mars prochain, prendra davantage la forme d’un panel de discussion avec divers spécialistes. La dernière rencontre sera offerte sous forme d’ateliers. « On espère que d’autres gens vont se joindre à nous pour l’organisation, parce que le but c’est vraiment de co-construire l’événement, de créer un espace de discussion », explique Naomie Léonard.

Photo: VICKY MÉTHAYER

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