Les victimes d’agressions sexuelles demandent justice

Mercredi soir, des dizaines de personnes ont bravé le froid pour donner leur soutien aux victimes d’agressions sexuelles au parc Émilie-Gamelin. Malgré tous les messages de solidarité et d’amour, les manifestants étaient aussi là pour demander justice.

« On est ici pour dire qu’on croit les victimes et qu’on est solidaire. On croit leurs expériences, leur réalité qui ne sont pas souvent entendues ou médiatisées », a déclaré la coorganisatrice de la manifestation contre la culture du viol, Marlihan Lopez. « L’absence d’accusation n’est pas une preuve qu’il y a eu justice », a scandé au micro une travailleuse de l’organisme Mouvement contre le viol et l’inceste (MCVI), Jenny Laure Sully. « Lorsqu’une femme n’ose pas porter plainte contre son agresseur, c’est le système de justice qui est en faillite. Une femme devrait sentir qu’elle peut en toute sécurité, porter plainte », soutient-elle.

En majorité, ce sont des femmes qui ont participé à ce rassemblement populaire. Toutefois, la manifestation se voulait inclusive et mixte. Des hommes, solidaires, ont tenu à s’exprimer pour que la culture du viol cesse au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde. « Je me sens solidaire des femmes qui sont là puis qui sont en colère à cause de cette culture qui est très présente et j’ai envie que ça change », a déclaré Michel Sancho qui manifestait auprès de sa fille.

Une question d’éducation

Lors de la soirée, plusieurs manifestants ont souligné le manque d’éducation sur le consentement sexuel et la culture du viol. « Il y a un fléau dans notre société en ce moment, les violences sexuelles sont banalisées de toute part », déplore une étudiante en études féministes à l’UQAM, Maude Couture.  Elle considère qu’il est primordial de prendre conscience de cette « banalisation » et d’être solidaire avec les survivantes et les gens qui militent pour elles.

Selon Maude Couture, il est important de miser sur la prévention afin de lutter contre la culture du viol. Une initiative qui est d’ailleurs dans la mire de l’UQAM « Il faut faire de la prévention. Je sais qu’en ce moment il y a des mesures qui sont prises pour imposer des cours sur la culture du viol dans certaines facultés. Je trouve que c’est un très bon point de départ », affirme la jeune femme.

Elle croit toutefois que l’on ne devrait pas attendre d’être à l’Université pour enseigner aux étudiants ce genre de choses là. « On devrait peut-être viser ³[les niveaux scolaires] plus bas pour empêcher que ça se perpétue », ajoute-t-elle. C’était aussi l’avis d’une jeune manifestante de secondaire 4 qui est venue parler au micro pour exprimer son projet de faire instaurer des cours afin d’enseigner le consentement et les conséquences du viol dans son école.

Violence sexuelle sur les campus

Maude Couture pense qu’à l’UQAM, la sensibilisation sur la culture du viol est présente, mais que les choses pourraient être mieux en ce qui a trait aux mesures mises en place pour aider les victimes. « Les procédures sont longues, il y a beaucoup de remise en doute des témoignages. Il y a clairement du travail à faire à l’intérieur de l’UQAM même si c’est un milieu éveillé », témoigne Maude Couture.

Les cas d’agressions sexuelles sur les campus au Québec seraient de plus en plus dévoilés au grand jour. Par contre, plusieurs victimes déplorent la réaction des universités. C’est le cas de Kimberley Marin, une des coorganisatrices de la manifestation. L’ancienne étudiante à la maîtrise de l’École de technologie supérieure a voulu changer les choses dans son Campus alors que sa plainte pour harcèlement sexuel n’avait pas été prise au sérieux à l’époque. « Je me suis pointée là avec mon témoin qui avait tout vu et le gestionnaire qui m’a reçu m’a dit que j’étais la première à venir me plaindre et que je me victimisais », raconte-t-elle.

Mardi, la ministre Hélène David a déclaré vouloir faire passer d’ici la prochaine rentrée scolaire une loi-cadre pour tenter de mettre fin aux violences sexuelles sur les campus des universités et des cégeps. Un projet de loi qu’ont salué les manifestants mercredi soir à Montréal, Sherbrooke et Québec.
Photo: MATISSE HARVEY MONTRÉAL CAMPUS

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