S’asseoir sur ses lauriers

Les textes d’Etienne Masse et d’Alexis Boulianne lèvent le voile sur une réalité méconnue de bien des étudiants de l’UQAM : celle des résidences universitaires. Ce n’est pourtant pas la première fois que les habitations fournies par l’Université font la manchette du Montréal Campus. Depuis environ une décennie, il semblerait que les dix plaies d’Égypte se soient une à une abattues sur leurs logements.

Entre 2009 et aujourd’hui, punaises de lit et dégâts d’eau ont mis à mal la patience des locataires étudiants. Voilà que maintenant il est question de « menaces  » d’expulsion, pour citer une ancienne étudiante dans l’article d’Alexis Boulianne, lorsqu’un locataire oublie de payer son loyer de quelques jours. Se dire qu’il y a une possibilité de perdre son logement est un stress beaucoup plus important que l’on pourrait le croire.

Pour reprendre aussi les propos de Martin Gallié, professeur de droit à l’UQAM rencontré par Alexis Boulianne, quelle est l’option pour les étudiants qui se font expulser des résidences pour avoir oublié de payer un mois le loyer? C’est une question qui doit rapidement passer à l’esprit de tous ceux et celles qui reçoivent la fameuse lettre envoyée par Sentinel, compagnie gérant les résidences uqamiennes, indiquant qu’une poursuite sera intentée à la Régie du logement si le loyer n’est pas payé à temps. Rappelons que dans un article publié en 2015 par le Montréal Campus, on citait le rapport du directeur de la Santé publique de Montréal, qui soulignait à grands traits la difficulté des étudiants à se trouver un toit sur le marché locatif. L’idée d’être mis à la porte des résidences et de traîner une réputation de mauvais payeur paraît donc très peu reluisante.

À l’époque, l’une des solutions envisagées par l’ex-porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant, était d’augmenter le nombre de logements étudiants. Or, cette piste semble être très loin dans les priorités de l’UQAM. Après l’échec de l’Îlot voyageur, les budgets d’immobilisation ne semblent plus être disponibles pour ce qui est de l’aménagement de nouvelles résidences.

Sans compter que l’UQAM ne semble pas être à plaindre pour ce qui est du taux d’occupation de ses logements malgré les problèmes des dernières années : en 2013, le directeur des résidences, Karim Khelfaoui, indiquait que la plupart des chambres étaient complètes et qu’il avait même dû refuser près d’une centaine d’étudiants. Tout roule et continuera de rouler pour les résidences qui, année après année, peuvent compter sur les vagues de nouveaux étudiants pour remplir leurs bâtiments.

Au final, les étudiants sont au centre de deux problèmes qui ne semblent pas près d’être réglés. D’un côté, l’UQAM ne pourra pas être le moteur d’une volonté de loger les étudiants à moindre coût au centre-ville de Montréal. L’îlot voyageur restera le meilleur exemple de cet échec : le projet d’ajouter de nouvelles chambres aux résidences de l’UQAM aura été vendu à des intérêts privés qui ont finalement mis sur pied des logements extrêmement chers, allant même jusqu’à 40 % au-dessus de la moyenne du marché locatif. De l’autre côté, ledit marché est toujours plus hors de portée pour les étudiants avec le phénomène de l’embourgeoisement et de la multiplication des condos au détriment de l’extension du parc locatif.

L’appel à la multiplication de coopératives d’habitation, lancé depuis plusieurs années par l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant n’aura malheureusement pas trouvé d’oreille attentive.

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