Ode aux pavillonneurs

Lundi matin, 9 h 17. Vous sortez rapidement du métro et entrez dans le pavillon Judith-Jasmin . Vous passez devant l’agora et vous vous dirigez ensuite vers le tunnel qui mène au pavillon des Sciences de la gestion puis au pavillon J.-A.-DeSève. Vous arrivez enfin au DS-1520, prêt à affronter la journée.

Trop concentré à penser comment vous déchiffrerez les explications parfois confuses de votre professeur, vous n’avez pas remarqué les trois œuvres d’art public que vous avez croisées en chemin, ou encore l’ingénieuse intégration de la façade et du clocher de l’ancienne église Saint-Jacques au style brutaliste du Judith-Jasmin. Une œuvre, pour la petite histoire, signée par les firmes d’architectes Dimitri Dimakopoulos et Associés et Jodoin Lamarre Pratte dans les années 1970.  

Hélas, peu connues sont les riches origines architecturales des multiples pavillons de l’UQAM, dont les plus vieux remontent aux années 1960 dans la foulée de la Révolution tranquille. Or, de petites merveilles d’architecture s’offrent à nos yeux ça et là dans le Quartier latin et le Quartier des spectacles. La symbiose de l’établissement d’enseignement supérieur francophone au milieu urbain a eu, ironiquement, raison de ce manque de reconnaissance : les étudiants passent leurs journées entre les murs de leur école, évitant d’avoir à sortir grâce à un astucieux système de tunnels.

Mettons un peu le nez dehors! L’UQAM ne se résume pas seulement à l’allure « polyvalente » des pavillons Judith-Jasmin et Hubert-Aquin, inaugurés en 1979, soulignant à l’époque le 10e anniversaire de la fondation de l’université. D’autres bâtiments, surtout contemporains, méritent qu’on s’y attarde un peu.

Le pavillon de Design conjugue habilement son look industriel – acier et béton exposé – à un souci du détail et du raffinement grâce à ses nombreux puits de lumière et à l’omniprésence du verre. Ce n’est pas pour rien que son architecte, Dan S. Hanganu, derrière la conception du musée Pointe-à-Callière entre autres, a remporté en 1996 le prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec pour ce pavillon.

Près de la Place des Arts, le complexe des sciences Pierre-Dansereau, complété en 2006, est aussi une réalisation admirable. Les étudiants convergent au cœur des huit bâtiments de brique jaune – un héritage des institutions montréalaises du début du 20e siècle – reliés par des jardins qui évoquent bien sûr l’étude des sciences de la vie. Difficile de manquer de vue le pavillon elliptique Président-Kennedy qui loge sur l’avenue du même nom.

D’un bout à l’autre de l’Île

Mais bon, sortons un peu de notre nombrilisme uqamien.  Un peu plus à l’ouest, les pavillons de McGill construits dans les dernières décennies valent certainement un coup d’oeil.

Le Centre d’innovation Génome Québec, associé à l’école d’enseignement supérieur, est composé de deux principales façades de blocs de béton et de panneaux de verre bleutés. Conçu en 2003 par le consortium d’architectes Fichten & Soiferman et Associés – Kuwabara Payne McKenna  Blumberg Architects, le centre de recherche en génomique et protéomique contient un atrium de trois étages qui relie les bureaux des chercheurs du côté ouest aux laboratoires de l’est.

Ses voisins, les pavillons Trottier (2004) et M. H. Wong en génie chimique (1998), nichés au coin de la rue University et de l’avenue des Pins, participent aussi au modernisme du campus qui doit tout de même demeurer en harmonie avec les autres édifices qui datent du 19e siècle.

Une mention spéciale, pour finir, à la bibliothèque de droit Nahum Gelber, faite de pierre rouge et de brique brune qui rappellent les matériaux des maisons victoriennes du quartier. Une énorme fenêtre de deux étages de forme rectangulaire gorge le pavillon de McGill de lumière naturelle, parfaite pour l’étude.

Le génie derrière cette dernière œuvre? Dan S. Hanganu, encore une fois. Une petite pensée pour lui et pour tous les autres pourrait être de mise la prochaine fois que vous arriverez en retard, ou non, à votre cours.

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