L’étudiant nomade

S’il existe une voie déjà tracée pour réussir ses études universitaires, Julien Sylvestre suit celle juste à côté, filant sur un quatre roues à toute allure dans un chemin de brousse. Pour arriver à jumeler l’école et les loisirs, cet étudiant à la maîtrise en génie industriel est la preuve vivante qu’il n’existe pas de méthode classique.

Quelque part dans le quartier Rosemont–La Petite-Patrie, un étudiant de 23 ans de Polytechnique Montréal relit ses notes de cours. Celui-ci vivrait dans un cinq et demi en colocation avec un de ses camarades de classe en temps normal. Pourtant, c’est dans une caravane portée, ou camper truck, située dans une ruelle qu’il se couche le soir. « Je n’ai pas une seule raison d’habiter là-dedans. C’est entre autres parce que j’aime l’aventure et parce que j’ai toujours aimé la simplicité volontaire. Par exemple, quand je pars en voyage, c’est seulement avec ma tente et mon vélo. La seule règle que je tenais à respecter en faisant ça, c’est de ne pas nuire à mes études », fait-il savoir.

Vivant dans un véhicule comparable à un Westfalia sans douche ni toilette, Julien Sylvestre arrive à faire partie de l’équipe de triathlon de l’Université de Montréal et à maintenir une rigueur dans ses travaux scolaires.

Même s’il possède un mode de vie pouvant complexifier la routine habituelle d’un étudiant universitaire, celui-ci n’a jamais connu de difficultés du côté académique. Il réussit à maintenir une moyenne de «A» à la maîtrise, la plus haute note qu’un étudiant peut obtenir à Polytechnique. Son directeur de recherche le décrit comme étant quelqu’un de très autonome. « Je n’étais pas au courant de cette situation, mais ça ne me surprend pas. Il sort de l’ordinaire. Premièrement il est bon académiquement, mais c’est aussi quelqu’un qui a beaucoup d’initiative. C’est le type d’étudiant que chaque directeur de recherche aimerait avoir », affirme-t-il fièrement.

Vivre sans limites

Pour Julien, le fait d’habiter à l’arrière d’une voiture cadre avec ce qu’il recherche dans la vie : la flexibilité. Il est important pour lui de pouvoir rester en mouvement et d’adapter ses ambitions à ses responsabilités. C’est entre autres pourquoi il a toujours voulu combiner son envie de voyager avec son champ d’étude. Le jeune homme de 23 ans a à son actif un stage de deux mois en Bolivie, un stage de trois mois en Chine et un échange de six mois en Suède. Il tient d’ailleurs à vivre une expérience complète dans les autres pays pour s’assurer de bien s’intégrer. « Voyager c’est bien, mais de vivre là-bas, c’est autre chose. Je me sens utile, j’apprends à rencontrer les gens sur place et je partage leur mode de vie. J’étais un Chinois pendant trois mois. Je vivais comme eux, je travaillais comme eux et je sortais aux mêmes endroits qu’eux », se souvient-il.

Étant étudiant à la maîtrise, Julien peut aussi jouir d’un horaire malléable adapté à ses déplacements. Propriétaire de sa maison roulante depuis cet été, celui-ci en profite souvent pour partir aux États-Unis et gravir des montagnes les fins de semaine.

Fuir le statu quo

L’idée de vivre dans une caravane portée ne lui est pas venue du jour au lendemain. C’est dans la nature de Julien de vouloir repousser ses limites. « Il ne s’agit pas simplement de vivre avec le moins de choses possible, il s’agit plus de savoir qu’il est capable de se débrouiller. Aller au bout de quelque chose pour voir comment il peut réagir », explique sa mère, Diane Lacoste.

Cet aspect, Julien l’a testé à quelques reprises dans des voyages où les déplacements à vélo et les nuits dans une tente pouvaient s’avérer difficiles. Par exemple, l’étudiant s’est déjà retrouvé au Panama où il avait prévu traverser l’Amérique centrale à vélo pour finalement se rendre compte que la température était trop chaude pour tolérer une telle activité physique. Le jeune téméraire s’est alors retroussé les manches et s’est acheté une moto. Au bout d’environ un mois, il a finalement réussi à sillonner l’Amérique centrale en long et en large.

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Ce type d’expérience en aurait fait fuir plus d’un, mais Julien a appris à prendre conscience des dangers en vieillissant. « À 18 ans, j’ai fait le tour du Lac-St-Jean en courant. 50 kilomètres par jour pendant cinq jours consécutifs. J’ai réussi, mais c’était dangereux. Je n’étais pas entraîné pour faire ça », avoue-t-il.

Avec les années, Julien a également appris à s’avouer vaincu lorsque c’est nécessaire. Lors de sa dernière semaine de relâche, il a tenté de réaliser cinq demi-Ironman, pour un total de 9,5 km de nage, 450,5 km de vélo et 105 km de course. Il a finalement dû rebrousser chemin à la moitié du parcours en raison de la mauvaise température. Il compte néanmoins tenter sa chance à nouveau lorsque les conditions météorologiques seront plus clémentes.

À long terme, Julien Sylvestre ne sait pas combien de temps il compte passer dans son logis. Un an? Deux ans? Impossible de savoir. Peu importe, tant que sa philosophie soit respectée :  la vie doit venir à lui et non l’inverse.

 

Photos: JEAN BALTHAZARD MONTRÉAL CAMPUS

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