Les pieds dans l’eau, la tête dans les bouquins

Combiner la pratique d’un sport de haut niveau avec une formation universitaire constitue un immense défi. Le nageur paralympien et ancien étudiant à l’UQAM Benoît Huot l’a relevé avec brio, en soutenant une carrière paralympique couronnée de plusieurs médailles et en complétant un baccalauréat, le tout avant l’âge de 33 ans.

La conciliation sport-études peut mettre un frein aux motivations d’un athlète de haut niveau. Pour Benoît Huot, cela représentait un défi majeur. « Exceller dans les deux a été la chose la plus difficile de ma carrière, parce que les deux domaines sont à temps plein. Je suis fier aujourd’hui d’avoir un diplôme. Ça m’a grandement apporté dans mon tremplin vers l’après-natation », affirme-t-il.

Il a particulièrement apprécié la variété de cours offerts et la marge de manoeuvre qu’il avait à l’école. « L’UQAM m’a aidé dans sa flexibilité. Elle fait partie de l’Alliance Sport-Études, qui pouvait nous guider, nous encadrer, nous structurer et nous donner des conseils sur comment faire pour mieux trouver ce fameux équilibre entre les études et le sport », mentionne-t-il.

Durant les neuf années qu’il a accordées à l’obtention d’une majeure en communication, terminée en 2011, et d’un certificat en administration, complété en 2014, l’athlète québécois a entre autres touché à l’étude des médias, au marketing et à la gestion.  Il songe présentement à faire une maîtrise en administration des affaires. « Dans notre monde sportif, il faut essayer de se vendre, de trouver des commandites, donc mes études convenaient bien », explique-t-il.

Des compétences dans tous les domaines

Jean-Philippe Guay, ami de Benoît Huot depuis le secondaire, considère que c’est la discipline qui a permis au nageur d’atteindre l’excellence dans tous les domaines qu’il a touchés, et ce, pendant toutes ces années. « Il y a des gens qui veulent réussir plus que d’autres. Benoît fait partie de cette catégorie », ajoute-t-il.

Pierre Lamy, entraîneur-chef en natation pour les Carabins de l’Université de Montréal, a lui aussi travaillé à plusieurs reprises avec le paralympien. C’est au cours de ces collaborations qu’il a découvert un homme déterminé. « Il était capable de bien gérer son temps. Un athlète de son niveau s’entraîne de 25 à 30 heures par semaine, mais Benoît était discipliné et ne dérogeait pas de son plan », observe-t-il.

Autant Pierre Lamy que Jean-Philippe Guay s’entendent aussi pour dire qu’une des plus grandes qualités de Benoît Huot réside dans sa capacité à communiquer, à créer des liens. « Il a une belle personnalité et il n’est pas gêné », souligne Jean-Philippe Guay.

Un avenir chargé

Benoît Huot étant âgé de 32 ans, la plus grande part de sa carrière sportive est maintenant derrière lui. Il n’a toutefois pas d’idée claire quant au moment de partir à la retraite. Avec cinq participations aux Jeux paralympiques, vingt médailles, dont neuf d’or, et de nombreux records, le nageur pourrait profiter de son après-carrière pour se la couler douce.  Il a par contre de nombreux projets sur la table à l’extérieur du sport. L’athlète est présentement chroniqueur sportif à l’émission Les Éclaireurs animée par Sophie-Andrée Blondin à la première chaîne de Radio-Canada. Il a aussi collaboré avec RDS et Radio-Canada aux Jeux de Vancouver et de Sotchi et compte le faire à Pyongyang. « Il y a beaucoup de champs d’intérêt qui m’attirent », observe-t-il.

Selon Jean-Philippe Guay, l’avenir semble radieux pour son ami. Il pense que le paralympien réussira sans problème à conjuguer la natation et ses autres passions, comme la communication, à court terme. Une fois qu’il aura définitivement mis la natation derrière lui, il le voit intégrer son après-carrière sans difficulté. « C’est quelqu’un que je vois certainement en communication ou en politique », ajoute-t-il.

Le monde du sport a d’ailleurs apporté un grand avantage pour la prochaine carrière de Benoît Huot. Selon lui, le réseau de contacts créé sur la scène sportive lui permet d’utiliser ses connaissances à leur plein potentiel. « Tu reçois des offres reliées avec ton expertise d’athlète, et c’est le plus beau cadeau que tu peux recevoir parce que les gens veulent travailler avec toi », souligne-t-il.

Il veut aussi utiliser son expérience et son éducation pour promouvoir le sport paralympique et un mode de vie actif chez les personnes à mobilité réduite. « Il y a à peu près 10 % de la population canadienne qui vit avec un handicap et dans ce 10 %, seulement 3 % sont actifs régulièrement », précise-t-il. Il tient à jouer un rôle de philanthrope, autant grâce à son expérience athlétique qu’à son éducation.

Le principal intéressé aimerait également continuer à travailler avec les médias. Son attachement au sport est encore présent, et il souhaite avoir un rôle à jouer dans la popularisation des sports adaptés. « Je veux essayer de les faire grandir, d’augmenter leur visibilité et leur notoriété pour voir un jour, même si je ne le vivrai pas comme athlète, la médaille d’or paralympique avoir la même valeur aux yeux du grand public que la médaille d’or olympique », conclut-il.

Photo: GRACIEUSETÉ DE BENOÎT HUOT

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