Simpli-ciné volontaire

Le manque de financement peut être un obstacle non négligeable lors du processus de création d’une œuvre cinématographique. Ce ne fut pas le cas pour Vincent Biron, jeune réalisateur qui signe avec Prank son premier long métrage. En salles depuis le 28 octobre, le film, produit avec un mince budget de 10 000 $, a été présenté au Festival international du film de Toronto (TIFF) et à la dernière édition de la prestigieuse Mostra de Venise en Italie.

Le réalisateur de 32 ans explique qu’il n’a pas déposé de demandes d’aide financière aux institutions comme la SODEC au Québec et Téléfilm Canada pour Prank. L’équipe a payé le film de sa poche, et les acteurs jouaient à titre de bénévoles. Le fait d’être autofinancé était un choix de réalisation. Vincent Biron raconte que pour produire le long métrage un peu cru et vulgaire qu’il désirait faire, il ne pouvait pas passer par les grandes institutions, car elles auraient aseptisé le tout. « [Les personnages du film] disent quand même des choses assez épouvantables, assez trash. Ils parlent de pornographie de femme enceinte, c’est pas soft comme propos », commente ce dernier. « On a eu un peu d’argent [de Téléfilm Canada] seulement pour Venise et le sous-titrage en italien », ajoute-t-il au sujet de son film qui raconte l’histoire de Stefie, adolescent tourmenté, qui s’intègre à un groupe de jeunes un peu marginaux qui jouent des « tours » dans leur entourage

Il soutient toutefois que dans certains cas, le financement est inévitable. « Ce ne sont pas tous les films qui se portent à ce processus. Je pense qu’il y a de la place pour les deux approches. […] J’ai des projets de films dans ma tête que je sais que je ne pourrais pas faire sans argent », enchaîne-t-il.

Liberté à prix modique

Vincent Biron a décidé de renoncer à tout financement extérieur dans le but de réaliser son long métrage plus librement. «Ça donne vraiment une liberté totale, surtout pour les horaires », affirme le cinéaste. Il explique que, normalement, lorsqu’un film est financé, les journées de tournage peuvent être longues. On tente de maximiser les ressources. « Avec la liberté que [le fait d’être non financé] nous apporte, on peut faire des petites journées de six heures, tout le monde est content », indique Vincent Biron. Il mentionne que les différents défis qu’il a dû surmonter ont fini par être des tremplins. « À l’écriture, on savait qu’on n’aurait pas d’éclairage et qu’on ne voulait pas en avoir, donc on a écrit le scénario en tenant compte de ça. On a tourné à l’extérieur, on a fait certains plans plus proches de fenêtres », soulève l’homme qui a été directeur photo pour de nombreux films, dont Bestiaire de Denis Côté en 2012.

« C’est un peu comme un album d’un groupe punk enregistré dans un sous-sol. Tu leur donnes de l’argent [au groupe], tu les mets dans un studio, tout d’un coup ça change tout. Ça change la texture, c’est plus la même affaire. »
 Vincent Biron, cinéaste

Vincent Biron parle également de l’impact positif qu’un tel procédé a eu sur lui. « Faire de l’art, c’est une pulsion, c’est quelque chose qui te soulève. Je ne veux pas me limiter et ne pas tourner parce que c’est long avoir de l’argent. Si tu veux tourner, tourne ! Ça devrait être comme ça, c’est grisant ».

Deux grands festivals

Vincent Biron explique qu’il ne s’attendait pas à ce que son film se retrouve dans de grands festivals comme Venise. « Je me doutais que ça allait passer à Toronto, mais Venise, c’est vraiment arrivé comme une surprise », souligne le producteur qui ne considère pas son film comme une œuvre profonde. Il mentionne qu’au Québec, le public accorde beaucoup de crédit aux films qui passent dans les grands festivals. Le réalisateur de plusieurs courts métrages précise que ce sont généralement des productions de plus grande envergure qui vont plus loin que ce qu’il a fait avec Prank. « C’est vraiment arrivé comme une espèce de cadeau des dieux. C’était grisant, j’ai pleuré pendant deux jours », conclut Vincent Biron.

Photo: CATHERINE LEGAULT MONTRÉAL CAMPUS
Vincent Biron a présenté son film Prank au TIFF et à la Mostra de Venise.

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