Quand virtuel rime avec vie personnelle

Les réseaux sociaux auraient un impact sur la confiance entre deux individus, notamment dans un contexte professionnel. C’est du moins ce que conclut Kassandra Luneau-De Serre dans son mémoire de maîtrise : « Les réseaux sociaux numériques et la frontière entre la vie personnelle et la vie professionnelle : impacts sur les équipes de travail »

Facebook répertorie plus de 1,5 milliard d’utilisateurs à travers le monde. Étudiants, amis et collègues partagent entre eux une importante quantité d’information privée et échangent plus de 1,7 milliards de messages chaque jours. Selon Kassandra Luneau-De Serre, l’information partagée sur les réseaux sociaux entre collègues deviendrait un langage non verbal. « Un bon exemple serait de voir des photos d’un collègue qui fête tous les soirs et qui ne performe pas au travail alors que toi tu mets les bouchées pour avoir de bons résultats… Comment est-ce que votre relation serait modifiée? », s’interroge la titulaire d’une maîtrise en sciences de la gestion.

Étudiante en psychologie à l’Université Concordia, Cassandra Tosco a vécu ce changement de dynamique de travail à travers ses interactions sur les réseaux sociaux. « On a créé un groupe de travail sur Facebook. Une de nos coéquipières a soudainement cessé de répondre à nos messages sans donner d’explications logiques. Mais on était amies Facebook, donc j’ai vu qu’elle continuait de publier sur Facebook. Trois semaines plus tard, elle est venue me dire que son meilleur ami était mort », se souvient-elle.

Cassandra comprend le fait que la perte d’un individu peut être difficile, mais souligne aussi que l’équipe avait quand même un travail à remettre. « [Notre coéquipière] pleurait parce qu’elle avait perdu son ami, mais on avait quand même un travail à finir et on la voyait publier des choses durant les trois semaines où on n’a pas eu de nouvelles. » Par le fait même, la productivité de l’équipe s’est dégradée, car le côté émotif et personnel a empiété sur la dynamique professionnelle. Les réseaux sociaux semblent donc pouvoir entraîner des cas d’abus de confiance. « C’est sûr qu’on ne croyait plus en elle », déplore Cassandra Tosco.

Proximité virtuelle, équipe professionnelle

Toutefois, les conclusions de Kassandra Luneau De-Serre démontrent qu’il existe également des côtés positifs aux relations virtuelles entre collègues. « Il y a de plus en plus d’études qui arrivent à la conclusion que le fait d’être connecté sur les réseaux sociaux augmente la confiance entre deux personnes », fait valoir Kassandra. Elle souligne que le lien entre les individus est renforcé puisque l’utilisateur croit en l’intégrité morale de ses contacts et accepte de partager avec eux une myriade d’informations personnelles.

Kassandra soulève que les réseaux sociaux ont aussi une influence sur le niveau de proximité entre collègues. Elle estime que le fait d’être connecté sur un réseau social peut consolider le lien entre différents membres d’une équipe qui se côtoient peu en dehors du travail. « Dans un groupe que j’ai étudié, des collègues s’étaient créé un groupe Facebook où ils se partageaient, par exemple, des vidéos drôles ou des blagues, etc. Le simple fait de communiquer régulièrement de cette façon faisait en sorte qu’elles se sentaient plus « amies », et ce, même si leurs horaires de travail faisaient en sorte qu’elles n’avaient jamais le temps de se voir en dehors du bureau »,  explique Kassandra.

 

Photos: CATHERINE LEGAULT

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