Nomad «off the record» pour l’OFF Jazz

Nomad, sextuor de jazz basé à Montréal, repousse les frontières du son statique. Ce sont des musiciens aux horizons différents qui se réunissent, motivés à improviser et à aller au-delà de ce qui est prévu lorsqu’ils jouent, touchant l’essence même du style jazz. Dans le cadre de la clôture du OFF Jazz aujourd’hui, ils lancent leur deuxième album, As We Are.

Nomad, ça commence en 2012. Le chemin des six musiciens se croise alors qu’ils étudient en performance jazz à McGill. «  Avec un diplôme en poche ou non, on a tous commencé à faire de la musique ensemble après avoir terminé nos études  », souligne Ted Crosby, clarinettiste pour la formation, d’un air moqueur.

Provenant de la Colombie-Britannique et des États-Unis, les membres habitent maintenant à Montréal, entre autres à cause des loyers peu onéreux, explique le musicien. «  Ça nous donne énormément de temps pour nous concentrer sur notre musique. Nous avons des amis qui habitent à Vancouver et à Toronto et ils doivent travailler à temps plein ou faire des concerts en permanence pour s’assurer de joindre les deux bouts  », remarque-t-il.

Improviser à 12 mains

Le jazz — et ce depuis sa naissance — est caractérisé par une improvisation omniprésente. Une pièce ne sera jamais jouée deux fois de la même façon et c’est une des cordes sur lesquelles Nomad aime jouer.

«  On compose nos morceaux, mais on ne se fait jamais un plan lorsqu’on performe  », précise le clarinettiste. «  L’un d’entre nous entonne les premières notes et les morceaux sont tellement incrustés dans notre tête qu’on peut commencer à improviser ou jouer le morceau tel quel sans problème.  »

À six musiciens, la composition peut parfois être un processus complexe, mais une inspiration guide toujours le groupe, même si cette dernière semble parfois vague. N’ayant pas de paroles dans leur musique exclusivement instrumentale, les émotions prennent souvent le dessus. «  C’est difficile d’avoir une inspiration commune quand on est autant de personnes à y mettre du sien  », note Ted Crosby. «  On essaie de se baser sur ce qui n’est pas palpable, pas explicable, puis on le transpose en une chanson  », ajoute-t-il.

Selon le clarinettiste, une musique entièrement instrumentale peut présenter des avantages, mais peut aussi limiter sa pratique. «  La barrière de la langue n’existe pas, mais je crois que nous sommes parfois restreints dans nos possibilités en n’utilisant pas de mots. Beaucoup d’auditeurs sont attirés presque seulement par la voix humaine, il y a une connexion qui se fait entre celui qui écoute et celui qui interprète  », précise-t-il.

Nomad adopte un style plutôt lent, basé sur la mélodie et non sur le rythme percussif. Même lorsque celui-ci est présent, le mélange se fait si aisément et subtilement qu’un amalgame homogène est créé. Une langueur et une finesse technique sont transmises par l’entremise des morceaux qui, malgré leur douceur, font aisément ressortir le talent des musiciens.

La suite du parcours

Nomad est pour l’instant un groupe indépendant, mais Ted Crosby croit qu’un contrat avec une maison de disque serait la prochaine étape logique de leur parcours.

«  On a reçu une subvention pour faire As We Are, on essaiera d’en avoir une seconde pour faire une tournée nord-américaine  », dévoile le musicien. «  Une maison de disque nous aiderait à ne pas devoir nous occuper de l’aspect promotionnel et administratif de la chose  », justifie-t-il. Celui-ci note toutefois que le temps investi dans la gestion de ces projets en vaut toujours la peine.

Ce dernier confie qu’il ne sait pas trop ce que réservera l’avenir au groupe, vu l’indépendance et les occupations de chacun des membres. «  Je ne sais pas où nous en serons dans, disons cinq ans, mais j’espère vraiment qu’on aura encore l’occasion de jouer tous ensemble, au moins pour un moment encore  », indique-t-il, avec un élan d’amour pour ses confrères dans la voix.

Le groupe Nomad est en prestation ce soir à 17 h au Resonance Café pour le lancement de leur deuxième album. Entrée libre, contribution volontaire.

Photo: CATHERINE LEGAULT

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