EN COULISSES | L’automne, ça bourdonne

Le vent change, la nuit s’allonge, le ciel se voile de gris: l’automne est à nos portes. Le mercure chute au fil du changement de couleur des arbres, qui se dénudent peu à peu. Et nous, tranquillement, on se cloître à l’intérieur.

Mais, même si on s’emmure, l’ennui n’est pas une option. Quantité de bouquins, d’albums, de séries télé il y a à engouffrer. On se risque quelques fois à mettre le pied dehors, le temps de faire un tour au théâtre ou d’assister à un concert.

Car qui dit équinoxe, dit aussi rentrée culturelle. La saison bénite, qui s’échelonne de la fin du mois d’août au début de décembre, est enfin arrivée. On s’extasie devant le nouveau film de Xavier Dolan, on trépigne d’impatience de lire la prochaine BD de Guy Delilsle, on se hâte de télécharger Les Frères cueilleurs, le dernier opus d’Alaclair Ensemble.

On programme notre enregistreur numérique pour ne pas manquer un seul épisode d’Unité 9, on se rue devant notre écran pour s’assurer d’être les premiers à acheter des billets pour le Festival du nouveau cinéma (FNC) ou les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), on compte les dodos avant d’aller voir Fanny Bloom à la Place des Arts.

L’automne, la culture bourdonne. L’offre montréalaise, québécoise, canadienne, internationale, est si impressionnante qu’on ne sait souvent plus où donner de la tête. Du coup, il faut faire des choix, prendre des décisions. Décider si on favorise Tartuffe au Théâtre du Nouveau Monde ou Une femme à Berlin à l’Espace GO. C’est une question de budget oui, mais aussi de temps et de curiosité. On ne peut pas tout voir, lire ou écouter, bien entendu.

Cette année, la réflexion se transpose à un autre niveau. Un « nouveau chapitre culturel pour le Québec » se rédige petit à petit. Le gouvernement provincial a décidé de mettre à jour sa politique culturelle, qui date de 1992. La période de consultation publique s’est terminée en août, tout comme celle allouée pour transmettre un mémoire. Maintenant, le ministre de la Culture et des Communications, Luc Fortin, et son comité-conseil de sept membres doivent livrer pour 2017 leur nouvelle vision, leurs orientations et leurs objectifs pour mieux encadrer et définir la culture au Québec en ce 21e siècle.

Le défi sera grand puisqu’en 25 ans, les choses ont bien changé au pays d’Émile Nelligan. La vague numérique a déferlé, la démographie a évolué, la mondialisation s’est accélérée. Des questions sur le financement culturel à l’ère de la gratuité, sur l’amélioration de la visibilité des contenus, sur la façon de consommer la culture devront être posées. Certains ont déjà proposé des pistes de réflexion intéressantes comme Le Devoir et son désir d’un financement étatique de la presse indépendante, le Partenariat du Quartier des spectacles et sa volonté de taxer les gros joueurs sur le web comme Netflix, et Québec Cinéma et son souhait d’intégrer un cours de cinéma obligatoire dans le parcours scolaire .

Au cours de prochains mois, le ministère et le comité-conseil s’attèleront à cette fastidieuse, mais nécessaire, tâche. Un travail qui ne devrait pas incomber qu’aux hautes sphères gouvernementales, mais se refléter aussi au quotidien. En cette période automnale d’abondance, il est l’heure de se questionner sur notre relation avec la culture québécoise et sur la façon dont on aimerait qu’elle fleurisse. En attendant les repousses du printemps.

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