Contrepoids féministe aux médias traditionnels

Les médias «alternatifs» s’illustrent de plus en plus comme levier pour lutter contre les stéréotypes à l’égard des femmes et favoriser leur émancipation. Ils font alors un pied de nez à la tendance médiatique actuelle, critiquée véhément par des militantes féministes aux origines diverses.

Une part des médias traditionnels a tendance à entretenir une domination masculine et ériger une vision uniformisée du monde. C’est cette critique qu’a formulée le 10 août un panel de conférencières issues des continents africains et latins, dans le cadre du Forum social mondial. «Souvent, notre conception du monde est déjà prisonnière de la catégorisation qui nous est imposée par l’éducation, l’école, les parents et notre culture, [car] il faut tout de suite s’identifier comme étant une fille ou un garçon», mentionne la responsable des partenariats internationaux du Réseau d’information et de documentation pour la solidarité internationale et le développement durable (RITIMO), Erika Campelo. Selon elle, la principale lacune des médias traditionnels est d’offrir une couverture médiatique qui hiérarchise les genres et qui dépeint de manière trop récurrente un portrait négatif des femmes.

Les conférencières et militantes présentes lors de l’évènement se sont accordées pour relever l’importance de favoriser l’accès à l’information pour les femmes des communautés recluses, d’utiliser des logiciels et du matériel libres et de libérer les relations de genres qui subsistent au sein de l’univers médiatique. Le droit à la communication et le libre accès à la connaissance s’illustrent comme le leitmotiv des médias communautaires, des revues engagées ou des sites web activistes militant pour la diversité.

Pour la féministe Loreto Bravo, qui œuvre au sein de la radio communautaire mexicaine Palabra, les médias traditionnels ont surtout tendance à poser les femmes en victimes, «en particulier dans le traitement de l’information et dans la manière dont sont abordés certains sujets liés à la violence machiste». C’est dans ce contexte socioculturel, où l’émancipation des femmes est toujours en cours malgré une culture du viol persistante, que la féministe relève la tendance de plusieurs médias à victimiser davantage les femmes. «Le corps des femmes continue à être utilisé comme champ de bataille», estime la journaliste congolaise et présidente de l’association pour la Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI), Julienne Lusange. Elle estime que c’est d’autant plus observable dans un contexte de violence liée aux guerres socioethniques, qui sévit dans certains villages d’Afrique subsaharienne. Selon Loreto Bravo, les femmes ont donc «tout intérêt à travailler avec les nouvelles technologies», que ce soit par l’entremise de blogues, de médias sociaux ou de forums, pour «rompre avec l’ordre patriarcal actuel».

Ici comme ailleurs sur le globe, les médias sont toujours le berceau de disparités de représentativité entre les sexes, que ce soit en presse écrite ou à l’antenne. Au Canada, la récente étude menée par Informed Opinions  au sujet de la proportion des femmes dans les médias révélait que seules 29% des femmes étaient citées comme sources.

Bien qu’il existe une panoplie de mouvements féministes mondiaux, il serait légitime de créer une organisation ciblée sur la « relation entre les femmes et les médias », constate la journaliste brésilienne Bia Barbosa. Cette dernière oeuvre au sein du réseau Intervozes pour le droit à la communication au Brésil, un organisme sous-jacent au Forum mondial des médias libres. Le tout dans le double objectif d’assurer une meilleure représentativité des sexes et une couverture médiatique des femmes moins négative.

Photo: Pexels

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