Toujours dans le gully avec Ondulé

Dans la scène hip-hop québécoise, un Métropolis en délire est suffisant pour que le succès monte à la tête. Avec le seul but de vivre dans le «gullywood», Loud Lary Ajust signe Ondulé, un EP qui suit la voie tracée par Blue Volvo.  

«Qu’est-ce que tu vas faire si tu veux que ton rap pogne? Qu’est-ce que tu vas faire si tu veux que ça rapporte?», demande Lary Kidd dans Clay Davis, la première chanson du nouvel EP. Le groupe qui a terminé la tournée de Blue Volvo dans un Métropolis bondé a compris la stratégie, celle du spectacle. Avec une industrie du disque précaire, les artistes n’ont pas d’autre choix que de se lancer dans le «its all about performance». Si les Dead Obies en ont fait un album en soi, avec Gesamtkunstwerk, LLA a plutôt fait le pari de composer des chansons accrocheuses qui attireront les foules.

Les cinq chansons de l’EP gardent la typique fibre gullywood. Il est encore question de la rue, de l’excès et de la célébrité, rien de nouveau. Les couplets de Lary Kidd sont tissés serrés et les références de la culture keb de Loud sont ficelées avec soin, encore là rien de nouveau. Ce qui change, ce sont les quelques couplets chantés, qui rapprochent le trio d’un style un brin plus populaire. Sur la trame Ondulations, Larry Kidd chante «I wan’t my money/ I wan’t my money, yeah» avec un flow identique à celui de Chance The Rapper.

Pour ce qui est des références de LLA, elles y sont toutes encore. Clay Davis est truffé du classique huard. Dans RSVP, la musique d’Ajust nous rappelle des airs d’ONO. On rembarque même dans l’univers de la Blue Volvo avec Drive. Quant à Ondulations, on retrouve les sonorités aigües à la John Carpenter, présentes dans Jour 1, single qui avait été publié en novembre dernier.

L’année 2015 aura été ponctuée de réussites pour LLA. Ondulé est une sorte de mise au point, une façon pour le trio de nous rappeler ce qu’ils ont accompli. «Tu croyais que ma carrière s’en allait go south/ I landed in south by southwest», rappelle Loud dans Ondulations après avoir également name drop le Métropolis.

Si l‘EP nous laisse sur notre faim, le talent de Loud Lary Ajust n’est pas remis en question. Notre seul espoir pour leur prochain album, c’est qu’ils laissent la Volvo bleue dans l’eau.

 

3/5

Ondulé, Audiogram, 29 avril 2016
Crédit photo: William Fradette

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