Séisme de magnitude 25 pour CISM

Pour ses 25 ans, CISM s’est offert un vrai séisme: trois soirs de fête du 31 mars au 2 avril. Il fallait voir le chanteur des Hôtesses D’Hilaire en poncho avec un mégaphone samedi soir pour saisir en quoi la radio officielle de l’Université de Montréal rime vraiment avec la marge. Longue vie à ce tremplin de la relève artistique québécoise et canadienne.

C’est Loud Lary Ajust, Brown et Rednext Level qui s’occupaient d’animer les foules pour le deuxième soir de festivités à la Société des Arts Technologiques, le vendredi 1er avril dernier. Une entrée en scène remarquée de la part de Maybe Watson et Ogden, formant à eux deux le coloré duo Rednext Level, a permis de réchauffer l’atmosphère pour les performances à venir.

Leur style déjanté agrémenté de leur très caractéristique parler «bas-canadien» reste bien près des classiques d’Alaclair Ensemble, exploitant toutefois une base instrumentale jouant dans un électronique beaucoup plus commercial. C’était pour eux une excellente occasion de montrer au public que même les minces savent twerker et jaser du Sri Lanka.

Les intermèdes ont été assurés par des DJ locaux, figures illustres en matière de rap québécois, notamment les stations de radio Ghetto Érudit et Hip-Hop Café Radio. Charlie Shulz, jeune DJ et producteur, qui lancera d’ailleurs un EP dans les semaines à venir, a pris en charge le dernier intermède, faisant éclater les basses au rythme de son trap aux sons industriels et pesants.

Le trio intergénérationnel Brown a charmé le public, alors que Robin Kerr, armé de sa guitare, entamait avec assurance Lady, enchaînant ensuite, en compagnie de ses fils Snail Kid et Jam, Complexe. C’était une agréable transition pour bien illustrer l’ampleur de la diversité musicale qui se pointe au Québec en matière de hip-hop, Brown ajoutant un ton bien particulier en intégrant les influences reggae et soul.

La soirée s’est soldée par les cris hystériques d’une foule prête à défoncer les murs pour le trio de Loud Lary Ajust. Ils ont profité de leur passage pour présenter quelques morceaux de leur EP à venir, mais ont interprété, avec leur verve habituelle, des classiques de leurs derniers projets, Blue Volvo, 14AM et bien d’autres.

Mettre le feu

Pour le soir suivant au Club Soda, CISM a choisi d’y aller avec un style beaucoup plus rock et punk. IDALG a d’abord réchauffé les corps, groupe ayant connu un support inconditionnel de la radio universitaire dans les derniers mois. Le post-punk de la grande formation a bien réchauffé la soirée, et espérons-le, attiré l’attention de curieux.

Tout a changé quand les Hôtesses d’Hilaire ont monté sur scène. Machine à spectacle très bien rodée, le quintette de Moncton a mis le feu au Club Soda, enfilant les titres de leur dernier album, Touche-moi pas là. On parle ici de Machine à bière, qui a rappelé les bonnes années de Mononc Serge, mais aussi de Fais faillite, qui a impliqué la collaboration surprise des Hays babies.

Les Hôtesses d’Hilaire ont tout simplement décapé les murs du Club Soda, et la foule, piétiné ce plancher qui en a vu d’autres. Plusieurs fans se sont visiblement retrouvés dans un état de lendemain de veille prononcé après le spectacle, ou comme l’indique la chanson du groupe écrite en l’honneur de Montréal : Je me souviens des ti boutes.

La salle était plus que prête pour affronter Galaxie par la suite. Olivier Langevin a dicté le rythme endiablé du groupe pendant une heure et la foule a vraiment pu assister à une messe rock zuluesque. De solo en solo, Galaxie a fait renaitre le hard rock de ses cendres – il n’est jamais mort, répliqueront certains – pour l’élever vers l’intensité dionysiaque absolue. Fred Fortin à ses côtés, nous avions là les deux figures du rock underground contemporain du Québec, elles aussi toujours supportées par CISM. L’album Zulu a dominé la majorité de la soirée, avec Robot Lynx et Dragon, bien entendu.

L’adaptation est indispensable pour la survie de la station, avouait le directeur général de CISM, Jarrett Mann, en entrevue au Montréal Campus il y a un mois. L’accessibilité au contenu doit être instantanée, à un clic. Ça tombe bien, rarement les auditeurs auront été autant rapprochés des artistes que pendant ces trois soirs de fête. Pour revivre ces moments de marge, nous savons quoi faire.

 Photo : Martine pour L’État Brut

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