Primaires américaines | Une élection présidentielle aux mille enjeux

La campagne électorale présidentielle s’octroie une place de choix dans les médias nord-américains. La course à l’investiture républicaine et démocrate ne fait que débuter, mais l’impact d’un nouveau président sur les pays frontaliers aux États-Unis intéresse déjà de nombreux experts.

Plusieurs spécialistes et conférenciers américains, canadiens et européens ont participé à un colloque organisé par l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM le 25 février dernier. Présentés à la Maison du développement durable, certains ateliers misaient sur les impacts de cette élection présidentielle sur le Canada et le Québec.

Le Canada en retrait

Prévues jusqu’à la mi-juin, les primaires américaines permettront de désigner à la convention nationale, en juillet prochain, les deux candidats démocrate et républicain qui s’affronteront pour la présidentielle au début novembre. Peu mentionné dans les débats entre les prétendants, le Canada demeure néanmoins un visage essentiel pour certains dossiers comme celui du Northern Pass, un projet d’érection de ligne de transmission électrique au New Hampshire, s’amorçant dans les Cantons de l’Est. L’instigateur du colloque, le professeur au Département de science politique et directeur de l’Observatoire sur les États-Unis, Frédéric Gagnon, croit que ce projet permettrait à Hydro-Québec d’éventuellement augmenter son exportation d’hydroélectricité au New Hampshire et en Nouvelle-Angleterre. Malgré les avis mitigés concernant son impact sur l’environnement, le projet n’a toutefois pas une influence déterminante sur le déroulement des primaires américaines. « Lors d’un débat au New Hampshire, le 6 février dernier, on a posé une question à Donald Trump sur le Northern Pass, raconte M. Gagnon. Sa réponse a été un bref “Oui, je suis pour ce projet”, et s’en était fini pour ce sujet et sur le Canada et le Québec.»

Néanmoins, le Canada détient la capacité d’influencer indirectement son pays limitrophe à augmenter son nombre de politiques environnementales, selon l’ancien diplomate canadien et vice-président et chercheur au Canadian Global Affairs, Colin Robertson. À son avis, le nouveau premier ministre Justin Trudeau place l’enjeu environnemental au cœur de ses préoccupations contrairement à son prédécesseur, Stephen Harper qui avait exclu son pays du protocole de Kyoto en 2011. «Dans la dernière décennie, c’était étrange de constater que l’actuel président américain, Barack Obama, était beaucoup plus canadien dans ses pensées écologiques qu’Harper, au final.», explique-t-il.

Selon Ginette Chenard, les États-Unis demeurent conscients de l’apport bénéfique qu’une entreprise telle qu’Hydro-Québec pourrait leur apporter et se préoccupent plus, depuis quelques années, des enjeux environnementaux et de leurs consommations d’énergie.Elle considère que la compagnie québécoise est une option intéressante de par son énergie verte, propre et renouvelable, offerte à un prix abordable.

Transition inévitable

L’élection d’un gouvernement républicain ou démocrate peut certainement changer la relation entre les États-Unis et le Canada. «Ça dépend toujours de quels enjeux on parle, soutient Frédéric Gagnon. En matière de commerce, les présidents républicains ont des tendances plus favorables au libre-échange que les démocrates, étant un peu plus protectionnistes.» Selon lui, il est permis de se questionner sur la position du prochain président concernant le retrait du Canada de l’effort de guerre en Syrie et le projet controversé de l’oléoduc Keystone XL, refusé par Barack Obama.

Omniprésent dans les médias dès le commencement de cette course à la présidence, Donald Trump maintient sa dominance sur les autres candidats républicains depuis le début des primaires américaines. Ginette Chenard tempère les opinions sur l’homme d’affaires. «C’est un acteur, un très bon comédien et il connaît les communications», croit-elle. À son avis, l’ascension de Trump à la tête du parti républicain à la présidentielle pourrait modifier le personnage. Néanmoins, elle avance que Donald Trump aurait beaucoup à apprendre étant donné qu’il ne trempe dans la politique nationale et étrangère. «C’est avant tout un homme d’affaires et il ne sait absolument rien du Canada, explique-t-elle. Avant d’être une puissance mondiale, les États-Unis doivent entretenir de bonnes relations avec leurs pays voisins.»

Ce sont vingt experts qui ont finalement été invités à commenter la présente élection américaine sous des angles à la fois économiques et sociaux. Selon Ginette Chenard, ce genre d’évènements sur les États-Unis se tient chaque année depuis 2002 et ces experts sont toujours difficiles à réserver dans une année d’élection. «Peu d’universités dans le reste du Canada ont la chance d’avoir des centres d’études comme ici à l’UQAM. C’est tout à l’honneur de la chaire Raoul-Dandurand de chapeauter cette journée», conclut-elle.

Photo : jnn1776 (flickr)

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