Un camp de base pour Les Scouts

La façade de la galerie d’art se fond bien dans le décor extérieur de la rue Sainte-Catherine, à l’image de l’insertion du lieu de diffusion dans son nouveau quartier. Située dans Hochelaga-Maisonneuve, de simples lettres étampées dans la large vitrine témoignent de sa présence.

Le collectif d’artistes Les Scouts est actif depuis 2013, alors que les membres terminaient leur baccalauréat en arts visuels à l’UQAM. «Cela remonte à notre première année d’université, la plupart d’entre nous nous sommes rencontrés dans un cours de sculpture», raconte un membre du collectif et fondateur de GHAM & DAFE, Jonathan Larouche.

Le nom de ce nouveau lieu de diffusion signifie «Galerie des hauts arts de Montréal et diffusion des arts fins de l’Est». Le nom du collectif, quant à lui, n’est pas un acronyme. «Une de nos membres, Viviane, avait l’intention de travailler sur l’esthétisme des scouts. Elle aimait beaucoup l’imagerie qui était reliée à ça», explique Jonathan Larouche. Selon ce dernier, le collectif, qui désire garder un esprit de communauté ouvert, a une géométrie très variable puisque que le nombre de membres fluctue.

«On travaille beaucoup à créer des espaces, créer des environnements», dépeint un autre membre des scouts et administrateur de GHAM & DAFE, Martin Tremblay. Chaque exposition des Scouts a sa thématique, comme «expédition en autarcie». C’est lors de celle-ci qu’ils ont découvert cet emplacement. Rapidement, ils ont vu le potentiel de l’espace autant comme lieu de travail que comme lieu de diffusion. «La première chose dont on avait besoin, comme on avait tous gradué, c’était des ateliers de travail», indique Martin Tremblay.

Une intégration au quartier

Les membres des Scouts ont profité d’une connexion dans le milieu immobilier pour trouver ce local. Maintenant que les artistes y ont trouvé refuge, ils souhaitent s’intégrer au quartier d’Hochelaga-Maisonneuve. Selon plusieurs résidents, la construction de nouveaux commerces et de condominiums mène à un certain embourgeoisement du quartier. «On ne veut pas du tout participer à cette gentrification», assure Jonathan Larouche. Les membres souhaitent plutôt que la galerie s’intègre réellement à l’arrondissement et à ses institutions.

«Notre but est de promouvoir l’art des artistes du quartier, sans aucun doute», déclare Jonathan Larouche. Pour la première exposition, les membres ont d’ailleurs fait un appel de dossier pour exposer un artiste d’Hochelaga-Maisonneuve. Une autre diplômée en arts visuels de l’UQAM, Charline P. William, a présenté «Les Sauvages». Bien que la galerie favorise les artistes locaux, une initiative de collaboration à l’international verra prochainement le jour. Martin Tremblay souhaite profiter de ses liens avec le domaine des arts visuels allemands pour échanger avec un centre d’artistes.

Un autre mandat de la galerie est de «faciliter la transition des artistes du milieu académique vers le milieu professionnel», indique Jonathan Larouche. Leur lien avec l’UQAM et leur graduation récente favorise l’exposition des artistes émergents.

Selon eux, la diffusion des œuvres et l’organisation d’évènements peut contribuer à la reconnaissance des artistes dans le domaine. Pour Martin Tremblay, ce projet démontre leur engagement avec le milieu de l’art malgré le fait qu’ils doivent débourser de leur poche, car tous les initiateurs de GHAM & DAFE paient la location de l’espace d’atelier. Le projet est encore en démarrage, mais les administrateurs souhaitent sa pérennité à long terme. «Le premier désir est que le lieu vive de lui-même, qu’il devienne indépendant financièrement sans devoir investir notre argent constamment», explique Jonathan Larouche.

GHAM & DAFE désire garder un caractère non commercial, car elle ne présente pas des expositions pour vendre, mais bien pour diffuser les arts. Martin Tremblay préfère d’ailleurs le mot «espace de diffusion» à «galerie d’art».

Des évènements à profusion

Les Scouts sont installés depuis le mois de mai et la programmation se garnit d’expositions jusqu’en décembre. Une soirée performance sous le thème de la résistance, a d’ailleurs eu lieu à GHAM & DAFE le 19 novembre. Marie-Andrée Poulin était l’une des coordonnatrices de l’évènement. Elle et sa collègue, Kamissa Ma Koïta, ont été inspirées par la parité des sexes du Conseil des ministres du nouveau gouvernement fédéral et ont transposé cela dans la sélection des six artistes.

La plupart des expositions sont gratuites pour le public à la galerie GHAM & DAFE, mais le choix revient à l’artiste qui loue l’espace. Marie-Andrée Poulin «ne veut pas demander un prix d’entrée, puisque cela va à l’encontre de la démocratisation de l’art, surtout dans un quartier qui est plus défavorisé».

Le prochain ralliement sera une soirée de lancement de Hamac Urbain, une initiative qui répond au problème d’itinérance à Montréal et aura lieu le 11 décembre.

Photo : Noémie Laurendeau

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