Ramener la COP à Montréal

Les municipalités canadiennes redoubleront leurs efforts dans l’optique de poser les jalons d’un avenir durable, alors qu’a pris fin samedi la Conférence de Paris sur les changements climatiques (COP21).

Le passage du maire Denis Coderre à Paris, dans le cadre du Sommet sur le climat, a permis de lancer le débat sur le rôle accru des métropoles canadiennes dans l’optimisation des infrastructures urbaines. Le responsable du dossier des changements climatiques à la Ville de Montréal, Réal Ménard, estime que le rapport à l’automobile et la consommation des énergies devront être hissés en tête de liste des priorités pour faire face aux changements climatiques.

Prolongement de la ligne bleue, édification de toits verts, création de pistes cyclables, aménagement de la falaise Saint-Jacques, fermeture de stationnements: la liste des mesures que la Ville a l’intention de mettre en œuvre laisse présager l’ambition de modifier la perception des citoyens à l’égard de leur métropole.

«Le visage des changements climatiques dans les grandes villes [va passer par] les infrastructures», a expliqué Réal Ménard dans le cadre de la conférence «COP21 : Oui, mais après?» organisée à lUniversité du Québec à Montréal (UQAM). Selon le membre du comité exécutif de la Ville, Montréal devrait s’inspirer de Vancouver en matière de transports. Depuis avril 2015, une personne sur deux se déplace en vélo, en transports en commun ou à pied dans la métropole de l’Ouest du pays, daprès le plan «Greenest City» lancé par le maire Gregor Robertson.

L’enjeu névralgique des transports

Sur la question des transports, certains avis s’accordent en faveur du principe pollueur-payeur à l’échelle citoyenne. Le directeur des volets climatique et énergétique de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Alain Brunel, préconise d’ailleurs une implantation plus importante de péages, comme c’est le cas en Europe, ou l’instauration d’une taxe sur l’essence. «Il n’y a pas de possibilités de changements sans que l’on s’attaque au domaine des transports», conclut-il.

«Les municipalités ont de grandes marges de manœuvre, mais elles n’ont pas tous les pouvoirs», souligne toutefois la professeure à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) à lUQAM, Louise Vandelac. Celle-ci insiste sur l’importance d’un travail conjoint avec les différents paliers de gouvernement.

Aux yeux de la professeure de l’ISE, les défis des municipalités résident bel et bien dans l’étude des comportements urbains de leurs citoyens. «Il faut pouvoir modifier les choses progressivement pour comprendre le mode de vie des citoyens […] et leur offrir des solutions qui vont les inciter à prendre une mesure plutôt qu’une autre», estime Mme Vandelac. Daprès elle, la solution ne s’inscrit pas dans l’instauration de mesures draconiennes, mais dans une réflexion plus pratique et incitative.

Malgré l’effervescence des municipalités de se diriger vers une voie durable, la conscience citoyenne traîne le pas depuis plusieurs années. Près d’une personne sur deux nie la causalité entre le réchauffement climatique et l’activité humaine, selon un sondage pancanadien mené en septembre dernier auprès de 1014 individus, par une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal, en collaboration avec l’Institut de l’énergie Trottier de Polytechnique Montréal.

Il est toutefois légitime de croire que les mesures à venir seront à la portée des Québecois qui sont généralement plus enclins à modifier certaines de leurs habitudes de vie. «Quand les gens sont informés adéquatement des tenants et aboutissants, de manière générale, ils sont ouverts à des stratégies de changement», remarque Louise Vandelac.

Photo : Justin Lapointe

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