Vivre de bruits et d’amour

Pour eux c’est bien simple: la musique c’est un carburant, un canalisateur d’énergie… C’est ça ou la mort. Programme double avec Caltâr-Bateau.

Ça saute aux yeux. Sur scène comme en entrevue, ils transpirent la musique. Maintenant que c’est dit, la formation doit affronter la dure réalité d’être un groupe totalement indépendant. On ne parle pas ici d’un groupe de musique qui se dit indie tout en ayant un contrat avec une compagnie de disque. Ces dignes représentants du rock tourtière, terme qu’ils ont inventé pour décrire leur style, sont plutôt de l’école de ceux qui font leur propre promotion, gèrent eux-mêmes leurs horaires, leurs finances.

Pour les deux membres fondateurs de Caltâr-Bateau, Étienne Dupré et Alexandre Beauregard, ça n’a pas que des désavantages. «On réussit à jouer un peu partout, à remplir des salles. On commence à avoir un public qui nous suit, alors que d’autres qui ont un label et beaucoup de promotion ne sont mêmes pas capables d’en rejoindre un», énonce-t-il.

Ne pas être sous les ordres d’une «industrie capitaliste», comme ils la qualifient, leur a permis de rester fidèles à eux-mêmes, soit une bande de joyeux lurons qui sautent sur la scène et explosent de frénésie. C’est ce qui les fait vibrer, d’être devant une foule, peu importe sa taille, pour transmettre leur «musique de petit criss» comme dirait Alexandre Beauregard. Ce monde ultra compétitif qu’est l’industrie de la musique commerciale n’est pas pour eux un objectif à court terme, bien qu’ils aimeraient rejoindre un plus grand public, histoire de vivre de leur musique. Ils ne s’identifient pas en fait à cet univers performatif, axé à tout prix sur l’argent.

Des vacances de création

Remplir des formulaires de subventions lorsque les sept membres participent à la création relève pratiquement du doctorat. C’est que ces papiers ne sont pas faits pour contenir autant de noms. Mais ce n’est pas uniquement ce qui complique la tâche du groupe pour obtenir du financement. «L’industrie fonctionne beaucoup selon le principe que si tu as obtenu une première subvention, les autres arrivent bien plus facilement. Maintenant, essaye d’obtenir ta première», explique Alexandre Beauregard.

C’est sur cet aspect financier que Caltâr-Bateau va tout de même se concentrer dans les prochains mois, histoire aussi de recharger leurs batteries créatives. «On n’avait même pas fini de faire Verbal Boisson #7 qu’on avait déjà les chansons écrites pour La bavure des possessions. J’ai la tête qui spin encore», confie Étienne Dupré. Un ami nouvellement engagé à l’ancien studio d’Arcade Fire leur a permis d’y enregistrer leur second album, ce qui a accéléré le processus. Cette opportunité a réduit de moitié le coût pour enregistrer dans cette église qui vient tout juste d’être rénovée à Farnham.

Ce sont ces pièces qu’ils ont proposées à la centaine de personnes présentes au Quai des Brumes dans le cadre des 5@7 du Coup de coeur francophone le 8 novembre dernier. Sur leur toute petite scène, les sept musiciens ont vogué à travers différents univers musicaux à chaque chanson, passant d’un son qui rappelle Jean Leloup à un autre plus groovy, du country vers une énergie pratiquement épique dans Sabo. Leur versatilité a permis aux voix d’Alex Guimond et d’Alexandre Beauregard d’explorer différents registres, et même d’offrir une version abrégée de Somebody to Love de Queen entre deux chansons.

Le groupe met en ce moment la touche finale au vidéoclip de Rouge Maladie, tirée de l’album La bavure des possessions, qui paraîtra au cours des prochaines semaines.

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