Un bonbon montréalais

Dans l’ombre, et pourtant. La galerie d’art Fresh Paint se trouve sur le campus uqamien, mais peu d’étudiants connaissent son existence.

Les longs escaliers noirs qui donnent sur la rue Sainte-Catherine sont intimidants à première vue, mais ils mènent à une explosion de couleurs conceptualisée en trois dimensions. La curiosité est un préalable à la découverte des lieux, miroir d’un univers artistique.

La galerie d’art Fresh Paint, près du pavillon V de l’UQAM, est loin de faire partie des circuits conventionnels.

Fondée en 2011 par la Convention internationale de graffiti Under Pressure, la galerie Fresh Paint présente des expositions collectives, en rotation, tout au long de l’année. Elle encourage la collaboration d’artistes locaux et internationaux, permettant une grande variété d’arts visuels et une expérience immersive. «L’art n’a pas de limites», expliquent trois membres de Fresh Paint. «Le caractère unique de la galerie vient du fait qu’elle ne ferme pas ses portes lors de changements d’expositions, ce qui permet donc aux intéressés de voir les artistes en action et de discuter des œuvres et du processus les entourant», explique la responsable des communications, Chani Caron Piché.

Faire de l’art : pas toujours facile

Malgré les planchers craquants et une fuite au plafond, la galerie vaut le détour. Elle expose des oeuvres aux techniques artistiques variées: sculpture, installation, acrylique, bombes de peinture et encore plus. «L’équipe est entièrement constituée de participants volontaires et aucune personne n’est rémunérée pour son implication» indique Saphia Arhzaf, bénévole à la galerie et étudiante à l’UQAM en sciences politiques. «C’est un investissement de soi», ajoute Chani Caron Piché.

Bien qu’active sur les réseaux sociaux et sur leur site, où les bénévoles alimentent le contenu du blogue, la galerie ne bénéficie pas d’une visibilité assez grande. Son emplacement est si subtil qu’il suffit de cligner des yeux pour se trouver à la boutique érotique à côté. Pas plus tard que le mois dernier, la galerie tenait en deux salles, une étant la principale et la seconde temporaire, qui a depuis été louée à un autre commerçant.

Au 221 rue Sainte-Catherine Est, une contribution modeste est demandée pour pouvoir profiter des exposition et de la plupart des activités offertes. Ces contributions aident au financement des projets de la galerie, du local et du festival Under Pressure qui offre diverses activités gratuites. La galerie Fresh Paint se démarque également par la partie des gains que les artistes lui redonnent pour la vente de leurs œuvres, moindre en comparaison avec les autres galeries, et par la gratuité de l’espace d’exposition.

De local vacant à mine d’or culturelle et sociale

L’équipe du Fresh Paint offre une alternative au système culturel institutionnalisé et commercial, que ce soit auprès des artistes ou du grand public. Par la présentation d’œuvres d’artistes émergents et indépendants, la galerie désire «réunir la communauté autour de l’art et de partager avec elle cette appréciation» explique Saphia Arhzaf. La Fresh Paint se veut éducative et évènementielle par l’organisation d’ateliers, d’événements et de conférences pour sensibiliser la communauté montréalaise à l’art de rue. «À travers ces conférences, la galerie a la volonté d’initier un partage entre les acteurs de cette culture [dite urbaine] souvent mal jugée et le public montréalais», explique la responsable des communications de la galerie. À tous les trois mois, le public est invité à découvrir une nouvelle exposition dans une ambiance festive lors du Art Attack. Les artistes faisant partie de l’exposition sont invités à collaborer en fusionnant leurs styles respectifs pour créer une œuvre en direct le soir du vernissage.

La compétition est importante au sein des galeries et la Fresh Paint fait sa place à sa manière. Chani Caron Piché avance que leur mission est de démocratiser l’art de rue en offrant une plateforme aux artistes comme Hoar Kor afin qu’ils s’épanouissent. «On veut amener du positivisme dans le quartier», ajoute-t-elle.

Plus qu’une plateforme

L’artiste Hoar, membre du duo Hoar Kor, participe à la galerie depuis ses débuts. À ce jour, il a exposé près de cinq fois à travers différents projets. «Foncez!», «Croyez en vous et faites ce que vous aimez faire», «L’art, c’est libérateur», dit-il en s’adressant à la jeunesse. «J’essaye. On essaye. C’est un job à temps plein», affirme-t-il par rapport à la viabilité de son art.

Avec les nombreux artistes qui passent par le Fresh Paint, le projet ne cesse de grandir. Plusieurs participants désireux d’exporter le projet sont d’origine française et la collaboration avec d’autres galeries en France permet de bénéficier d’une formule similaire. La famille du Fresh Paint souhaite devenir un must de la métropole tout en préservant son authenticité. Cette galerie non conventionnelle est autant, voire plus hétéroclite que le campus où elle se trouve et gagne à se faire connaître, plus que ses escaliers noirs suspects.

Sur la photo : L’artiste Hoar, membre du duo Hoar Kor, devant le mur Mono Sourcil. Crédit : Myriam Eddahia.

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