Dehors octobre

Quoi qu’en disent les lattés à la citrouille, les tricots de laine ou tout autre puits de réconfort Instagram worthy; octobre est morose.

Mon colocataire se moque de moi dès que je me réfugie auprès d’une sitcom en flux continu au sortir d’une énième journée éreintante; j’ai pourtant besoin d’une dose de rires forcés pour pallier le cynisme d’une société étiolée, telle une feuille d’érable sans ses UV.

La froideur d’octobre me glace jusqu’aux os et j’aimerais me draper, du crâne aux talons, d’une couverture chaude, mais cela semble un geste d’une hardiesse sans bornes au sein d’une société où il est acceptable de voiler les discours mais pas ceux – ou celles – qui les prononcent.

Ces temps derniers, lorsqu’une – ou plus précisément deux – vagues de tissu ont déferlé puissamment, furibondes, elles ont englouti la teneur des débats au profit de xéno et islamo, les nouvelles phobies de l’heure. Nous avons pu assister à une mascarade de sacs de patates qui a fait tonitruer tambours et trompettes au point d’assourdir cette campagne aux enjeux de fond.

Halloween approche à grands pas, aux termes de 78 jours de campagne à saveur Peur dépôt, où chaque chef de parti est passé de porte en porte distribuer ses Trick or treat! électoraux, affublé de son costume favori – un revenu d’entre les morts, un portant la tête de Jack-o’-lantern (souriante, d’aspect lumineux, mais vide), un autre personnifiant docteur Jekkle et M. Hide dans les deux langues officielles, une, quasi-muette, tentant de nous prévenir contre les monstres des marais bitumineux, et finalement le vampirisateur du bien commun, souhaitant en vain de continuer à hanter le hall du 24, promenade Sussex, sans pour autant reconnaître la présence de ses 1200 homologues, ces spectres d’autochtones disparues.

Que tirer de ce carnaval ayant pris fin à l’aube de la fête des morts? Sont-ce nos cendres que nous avons le 19 octobre déposées dans l’urne ?

Je ne puis qu’attendre la première neige qui recouvrira cette nation d’un voile blanc, immaculé, étincelant au point de lui refléter d’une lumière aveuglante la superficialité de ses discours; que ceux-ci mourront aux termes d’un hiver décennal, et que nous puissions enfin espérer un renouveau que seul un printemps jeune et revendicateur sait promettre.

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