Quand homosexualité et politique se rencontrent

Une étude menée à l’UQAM suggère que la possession de compétences et de traits de personnalités dits stéréotypés peut jouer en la faveur d’un candidat masculin homosexuel en politique, lorsqu’il est comparé à des candidats ayant un profil professionnel semblable.

Alors que la campagne électorale bat son plein, la Chaire de recherche sur l’homophobie de l’UQAM a amorcé sa série de conférences pour l’année 2015-2016, jeudi le 24 septembre dernier, avec la présentation d’une étude à caractère politique. Un petit groupe d’intéressés s’est réuni en soirée pour assister à cette première conférence, qui avait pour thème la réponse de l’électorat à l’homosexualité des candidats en politique.

Suite à ses études sur le sujet, le journaliste à Radio-Canada et politologue Alexandre Duval a tenté de voir si la sous-représentation des homosexuels en politique était explicable par la froideur de l’électorat à leur égard. À son étonnement, les résultats de ses recherches l’ont amené à conclure qu’un politicien aurait avantage a assumer son homosexualité plutôt qu’à la taire.

L’étude menée en laboratoire informatique comparait trois profils de candidats ayant le même parcours scolaire et professionnel, et c’est quand un des candidats était homosexuel et stéréotypé qu’il était le plus populaire. « En fait, quand les candidats ont des profils identiques ou presque, l’ajout de traits de personnalités dits féminins peut jouer en sa faveur dans la mesure où ça lui ajoute une dimension que l’autre n’a pas», poursuit le chercheur et journaliste.  

D’un autre côté, le candidat au Juris Doctor de l’Université de Montréal Xavier Plamondon, lui même homosexuel, ne croit pas que l’homosexualité d’un candidat le motiverait nécessairement a voter pour lui. «Comme électeur quand je regarde les candidats, je me demande plus pour quel parti que je vais voter. Si un candidat s’affiche comme faisant parti de la communauté LGBT*, tant mieux, mais je rêve du jour où tout cela n’aura tout simplement plus d’importance», conclut Xavier Plamondon qui souligne tout de même la nécessité des luttes et les gains de la communauté LGBT. 

Une étude de départ à peaufiner

Il ne faut tout de même pas oublier que les individus ayant participé à l’étude étaient des jeunes urbains, majoritairement progressistes, étudiant à l’UQAM. Son auteur admet qu’il serait intéressant de faire l’expérience avec d’autres tranches de la population. En revanche, Duval et la Chaire s’attèlent présentement à mettre les résultats de l’étude à l’épreuve. «Dans une deuxième étude, on a inséré le profil stéréotypé dans la biographie du candidat hétérosexuel. On désire tester comment l’ajout des stéréotypes peut influencer la perception du candidat homosexuel, mais aussi du candidat hétérosexuel, explique le journaliste. Est-ce que les deux candidats en bénéficieraient dans la même mesure ?» Les facteurs stéréotypés introduits dans l’expérience incluent par exemple un parcours scolaire en lettres, un amour pour l’opéra et la pratique du patinage artistique.

Le cas des candidates lesbiennes n’a pas été étudié, alors que les femmes sont moins présentes que les hommes en politique, il serait intéressant de voir la perception des électeurs sur ces dernières.

La Chaire de recherche sur l’homophobie, unique au Québec, présentera tous les mois des conférences sur divers sujets en rapport à l’homophobie et l’homosexualité

*LGBT signifie lesbiennes, gais, personnes bisexuelles et transsexuelles/transgenres.

>Crédit photo : Félix Deschênes

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