Femmes de tête

Après Rabat et Lausanne, c’est au tour de Montréal d’accueillir le monde féminin. Venus de tous les continents, des chercheurs prendront d’assaut l’université du 24 au 28 août pour parler de féminisme.

Sur le thème Penser, Créer, Agir, la septième édition du Congrès international des recherches féminines francophones (CIRFF) promet un programme diversifié. Organisé par l’Institut de recherche en études féministes (IREF), le Réseau québécois en études féministes (REQEF) et le Service aux collectivités, l’événement, d’une grande importance dans le monde des études féministes selon la directrice du REQEF, devrait attirer près de 600 personnes sur le campus.

L’évènement qui a lieu à tous les trois ans environ fera peau neuve lors de son passage à l’UQAM. «Ce qui fait l’intérêt du CIRFF, c’est que chaque fois c’est une nouvelle organisation, dans un lieu différent, par une nouvelle équipe, souligne la directrice de l’IREF, Rachel Gagnon. On ne veut pas faire comme le précédent, on lui a trouvé des défauts. On apprend de nos erreurs!» L’UQAM est très impliquée dans le processus, puisque c’est l’IREF qui reçoit, mais plusieurs professeurs de l’Université Concordia seront également présents. «Il y a des liens entre les membres de nos deux instituts. Nos professeurs y présenteront leurs recherches», croit Michelle Lacombe. L’organisation se concentre à l’UQAM, mais certains groupes comme le Centre des femmes ne sont pas impliqués dans le processus.

Après un appel aux projets, les organisateurs ont sélectionné 90 colloques pour la semaine. «Le nombre n’est pas fixe, nous sommes encore en préparation. Tables rondes, ateliers, projections de films avec commentaires sont tous au programme», affirme l’agente de recherche et de planification à l’IREF, Caroline Désy. Chaque soirée se terminera par une activité de type caucus. L’une d’entre elles sera gratuite pour le public. Le comité organisateur a choisi une formule permettant l’échange entre experts. «On ne veut pas glorifier une personne, on y va vraiment pour la discussion», confirme-t-elle.

Les thèmes seront aussi variés que le nombre d’activités. La violence et le travail chez les femmes seront par exemple des sujets inévitables. «Il y a de nouvelles couleurs. On a l’enjeu du féminisme décolonial et beaucoup de choses sur la question trans», dévoile Rachel Gagnon. Certains thèmes populaires sont réunis pour former des colloques d’un ou de plusieurs jours. «L’avortement, la maternité, l’allaitement. On a tellement eu de propositions là-dessus qu’on a tout réuni sur une journée», ajoute Caroline Désy. Plusieurs enjeux liés au corps, que ce soit la santé ou le travail du sexe, seront abordés.

Le congrès accueillera des conférenciers d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, selon la directrice de l’IREF, pour qui cette diversité est cruciale. «Le féminisme est très varié. C’est ce qui rend le CIRFF aussi riche», croit Rachel Gagnon. La portée du congrès rend aussi honorifique le fait de le recevoir, selon les organisateurs. «Le premier colloque a eu lieu à Québec, au septième, il était temps que ça revienne au Québec», se réjouit la directrice scientifique du REQEF, Francine Descarries. À Lausanne, c’est elle qui a annoncé que les Québécoises étaient prêtes à le recevoir. «On a levé la main et on a dit oui!» ajoute Caroline Désy.

Penser avant d’agir

Le thème du septième congrès international se veut rassembleur. «On voulait l’orienter pour être le plus inclusif possible, mais aussi toucher à la spécificité du féminisme québécois, très ancré dans l’action et la création», explique Caroline Désy. Une façon pour les organisatrices de se démarquer des autres éditions de ce congrès à l’international. «C’est un congrès reconnu partout à l’international dans le milieu, un rendez-vous rassembleur pour le mouvement féministe», rappelle la coordonnatrice des évènements de l’Institut Simone de Beauvoir à Concordia, Michelle Lacombe.

Si le but est de dialoguer et de créer des réseaux entre les différents chercheurs en études féministes, le CIRFF vise plus grand. «On va essayer de faire vivre le congrès. Il va y avoir de la baladodiffusion. Il ne faut pas qu’il n’y ait plus de traces le lundi suivant», croit Caroline Désy.

L’importance du «e»

Les études féministes sont encore vitales, croit Francine Descarries. «Les acquis des femmes, ici comme ailleurs, sont menacés. Le projet féministe travaille à la justice sociale. On a encore besoin de construire des modèles d’analyse», martèle-t-elle. Pour cette raison, selon Rachel Gagnon, le congrès est ouvert à tous et à toutes. «Il y a quelques hommes qui se demandaient pourquoi on féminisait notre site. Était-ce parce qu’on fermait aux hommes ? Non: on pratique la grammaire démocratique, c’est pour ça que c’est au féminin!» s’amuse celle qui est aussi professeure en sciences juridiques, persuadée que le féminisme intéresse de plus en plus d’hommes.

Les organisatrices s’affairent encore à la programmation, qui sera complétée d’ici quelques semaines. Plusieurs étudiantes présenteront leur sujet d’étude, offrant ainsi une vue sur la relève aux personnes présentes au congrès. Les billets pour le congrès sont déjà en vente, pour cette semaine qui fera rayonner l’université à l’international.

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