40 fois la robe

Un thème universel (la robe), exploré sous un angle unique, permettant au public de voyager à travers les époques et les civilisations: c’est ce qui nous était réservé à l’exposition photo The Dress, présentée par Hamza Mejri, le 3 avril.

C’est à un 5 à 7 au septième étage de l’hôtel ALT à Montréal que les mordus de mode, de photographie et d’art, désireux de voir l’exposition de l’artiste, se sont rassemblés pour assister à cet évènement. Accrochées aux quatre murs de la pièce, 40 photographies en noir et blanc, mettant en vedette des individus posant tous devant un décor similaire. Sous chacun des tableaux, un titre permettant souvent d’indiquer la provenance de la tenue, mais parfois aussi de justifier la réflexion derrière l’image. Par exemple, la photo de deux jeunes femmes, une noire, une asiatique, portant une robe identique et se tenant par la main, qu’Hamza Mejri décrit comme une ouverture vers la réflexion sur la diversité culturelle. Le vêtement nous est donc présenté sous toutes ses formes, porté aussi bien par des femmes que des hommes, de toutes races et dans des robes de tous genres.

Malgré un thème commun, en faisant le tour de la pièce, c’est la disparité entre chaque image qui retentit le plus. De la classique et épurée style Chanel à la tunique tunisienne traditionnelle, la robe est traitée par Mejri comme un témoin du temps et des cultures du monde et parfois aussi comme une illustration de ses réflexions sur la société. Parmi les personnes associées au long travail de création qu’a suscitée la réalisation de cette exposition, il y a plusieurs créateurs de compagnies de mode (québécoises pour la plupart), entre autres Gazelles Montréal, Miss Cocotte et White Label. Le photographe explique qu’un de ses buts était de promouvoir les stylistes montréalais et c’est une réussite. De plus, pour porter ses créations, Mejri n’a pas voulu faire appel à des dizaines de mannequins, ce qui rehausse le caractère unique de l’exposition. Selon lui, «c’est trop classique que la mode soit portée par des modèles. Là, ce sont des gens de la société québécoise. Ce sont des chanteurs, des acteurs, des animateurs télé ou aussi des designers qui portent leurs propres design».

Il est intéressant que les tableaux aient à la fois la portée usuelle de la photographie de mode, mais que l’on cherche aussi à sortir de cette norme, puisque la robe est dans certaines photos un accessoire aidant à imager une réflexion ou une émotion. Malgré tout, cela crée une sorte de déconnexion entre les tableaux où la robe est le sujet principal et ceux où il y a plus à interpréter. Un manque d’uniformité. D’un tableau à l’autre, le but n’est pas le même et on se demande pourquoi ils ne sont pas tous porteurs de mes- sages ou alors tous exposés comme de simples photos de mode témoignant des époques et des civilisations. Somme toute, ce détail n’enlève pas grand chose à la qualité des images, à la portée émotionnelle de certaines d’entre elles et finalement au talent évident d’Hamza Mejri, qui a réussi à monter une exposition intrigante composée de 40 tableaux à la fois uniques et similaires.

4/5

The Dress (La robe), une exposition présentée par Hamza Mejri. Photographies disponibles sur salondepeintures.com.

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