Quand l’UQAM se réserve le droit d’outrepasser la justice

À quelques jours de la grève, l’UQAM a convoqué neuf étudiants devant un comité disciplinaire pour les informer qu’ils risquaient l’expulsion pour des «méfaits» commis il y a plus de deux ans dans certains cas: manifestation interne contre la vidéosurveillance en 2013, levées de cours et manif-action organisée par le Syndicat des étudiants employés de l’UQAM du 2 avril 2014. Trois d’entre eux pourraient ne jamais remettre les pieds à l’UQAM. Les six autres essaient de s’éviter un an d’expulsion. Impossible de comparer ça avec 2008 où l’administration avait décidé de sortir trois étudiants de l’université pour 20 jours. Une décision révoltante, mais bien minime dans le contexte actuel.

L’UQAM a pourtant intenté des poursuites juridiques contre deux des neuf étudiants visés par les menaces d’expulsion, Samuel Larochelle et Simon Cossette. La cour leur a rendu un verdict d’absolution totale envers les «méfaits». Autrement dit, l’UQAM a perdu sur toute la ligne et de la façon la plus limpide. La décision aurait dû freiner les ardeurs de l’administration, mais sa réaction a été de trouver une autre façon d’avoir raison. Outrepasser l’autorité judiciaire, c’est une démarche logique pour cette université sans transparence et aux tendances autoritaires. Le processus d’expulsion, mis en place pour sortir ces deux étudiants et sept autres, a d’ailleurs été allégé pour l’accélérer. Sans ambages, l’UQAM comptait les sortir de son campus sans faire trop de bruits.

La plupart des étudiants menacés d’expulsion représentent les étudiants de leur association ou devant des instances de l’université. Expulser Justine Boulanger, Samuel Cossette ou Simon Larochelle, ça a le même impact pour la communauté uqamienne que l’arrestation de Michel Chartrand, Pierre Vallières, Charles Gagnon, Robert Lemieux et Jacques Larue-Langlois l’a été pour le mouvement syndical des années 1970. À trop vouloir se prendre pour un juge, l’UQAM risque de se faire ramener à l’ordre par Québec, qui depuis les centaines de millions perdus dans l’îlot Voyageur, la surveille étroitement sous la loupe de son vérificateur général.

 

Frédéric Comeau

Chef de pupitre UQAM

uqammontrealcampus@gmail.com

Twitter: @ComeauFred

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