À un clic de la dissolution

Deux associations facultaires de l’UQAM devront prouver à leurs membres qu’elles les représentent de façon adéquate pour assurer leur survie au sein de l’université.

Les pamphlets circulent dans les couloirs de l’UQAM. Les étudiants de la Faculté de sciences humaines et de la Faculté de science politique et de droit sont tenus de se prononcer sur la représentativité de leur association facultaire jusqu’au 20 mars. Pour certains, il s’agit de la fin d’une sous- représentation chronique. Pour d’autres, c’est plutôt un combat pour préserver la voix de plus de 7000 étudiants de l’UQAM. L’issue du vote électronique déterminera si les uqamiens reconnaissent toujours l’AFESH* ou l’AFESPED* comme leur association facultaire.

Deux groupes d’étudiants ont récolté les signatures de 4% des membres de leurs associations étudiantes, nécessaires pour pouvoir remettre en cause la représentativité de l’AFESH et l’AFESPED et déclencher un référendum selon la politique 32 de l’UQAM. Les étudiants contre l’AFESPED ont amassé 105 signatures sur 2220 étudiants. À l’AFESH, 285 membres sur 5239 se sont prononcés en faveur d’un référendum. Les deux démarches ont été réalisées de façon indépendante l’une de l’autre, affirme l’étudiante en droit et contestataire de l’AFESPED, Marie-Pier Désilets. «On a été mis au courant [de la démarche de l’AFESH] quelques jours avant le dépôt de la pétition le 15 février», soutient-elle.

Le statu quo sera maintenu si les étudiants démontrent leur confiance envers leur association lors du vote. Dans le cas contraire, si une majorité considère être mal représentée, l’administration de l’UQAM désavouerait les deux associations étudiantes et mettrait un terme à leur financement. Elles n’auraient plus de locaux où siéger. Les mesures appliquées dans un tel cas entreraient en vigueur au prochain semestre, soit à l’automne 2015. L’université demande un quorum de 15% des membres pour valider le vote. La légitimité de la grève prévue du 23 mars au 2 avril votée par les deux associations étudiantes serait également remise en cause à la suite de l’éventuelle dissolution de l’AFESH ou de l’AFESPED.

Un grand clivage existe à l’AFESPED entre les étudiants de droit, de science politique et des programmes interdisciplinaires, selon Marie-Pier Désilets. Le mouvement de contestation de l’association, d’abord dans les rangs des étudiants en droit, a rejoint peu à peu les étudiants d’autres programmes, raconte l’étudiante. «On se demande si l’AFESPED est la meilleure instance pour nous représenter, ou si nos associations modulaires ne seraient pas mieux placées pour le faire», explique-t-elle.

L’instabilité de l’AFESH, notamment avec la perte des assurances collectives et la discorde dans les assemblées générales, a engendré la contestation de sa représentativité dans certains de ses programmes, selon l’étudiante en sexologie et contestataire de l’association, Stéphanie Tétrault-Beaudoin. À son avis, la démocratie directe des assemblées générales est difficile à gérer pour une association étudiante de près de 5200 membres. En utilisant ce mode de fonctionnement sans être capable d’accommoder la majorité de leurs membres, l’AFESH ouvre la porte aux opinions de groupes plus radicaux, croit l’étudiante. «On est plusieurs étudiants à se sentir lésés par notre association», admet- elle. Elle critique la longueur des procédures en assemblée générale. «Sans compter que ce n’est pas évident pour tout le monde d’aller exprimer ton opinion devant plusieurs personnes hostiles à tes idées», ajoute-t-elle.

Selon les militants pour la survie des deux associations étudiantes, Louis Machabée Désautels et Etienne Lavigne, tout deux étudiants en sciences humaines, il existe deux volets à la question de la représentativité des groupes étudiants. «D’un côté, on remet en cause les idées politiques des associations étudiantes, expose Etienne Lavigne. De l’autre, on s’interroge sur la façon dont les associations rendent accessibles leurs instances décisionnelles.» L’AFESH a mis en place un comité sur «l’inclusivité» lors d’une assemblée générale extraordinaire sur la survie de l’AFESH le 26 février. «Reste à voir qui va s’impliquer dans le comité», ajoute Etienne Lavigne.

 

«Assos» au boulot

Outre les cafés étudiants et les assurances collectives, les associations facultaires représentent leurs membres sur les comités des instances de l’UQAM. «Les représentants sont sur les comités pour assurer les intérêts de leurs membres étudiants, déclare Louis Machabée Désautels. Plutôt que de mettre n’importe quel étudiant de la faculté, les représentants sont responsables de leur décision vis-à-vis des membres de leur association.» L’inscription de la politique 16 sur le harcèlement sexuel dans les plans de cours des étudiants est dû entre autres à l’intervention des représentants des associations facultaires à la Commission des études, croit l’étudiant de l’AFESH.

Selon les deux étudiants militants pour le maintien de l’AFESH et l’AFESPED qui siègent aux négociations sur la question référendaire avec l’université, l’UQAM serait partiale dans le débat entre les deux camps sur la représentativité des associations facultaires. Le comité mis en place pour le référendum comporte quatre membres de l’UQAM, deux étudiants pour la dissolution et deux étudiants contre, explique Etienne Lavigne. Pour lui, l’université favorise rarement la position des associations étudiantes dans ses décisions. «Les représentants de l’UQAM ont le gros bout du bâton dans les négociations, croit l’étudiant. Dès qu’il y a une discorde entre les deux groupes étudiants, l’UQAM remporte son point.»

Le dernier mot n’appartient pas à l’université, mais bien aux étudiants de l’AFESH et l’AFESPED qui devront, par voie électronique, cliquer oui ou non à leur association d’ici le 20 mars 2015.

*AFESH: Association facultaire étudiante des sciences humaines

*AFESPED: Association facultaire étudiante de science politique et droit

 

Crédit photo: Pascale Armellin-Ducharme

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