PDI: Jamais trois sans quatre

En dépit de la crise financière et de l’exaspération du corps enseignant, le Plan directeur immobilier est relancé pour une quatrième fois.

La première phase du déménagement de l’École des sciences de la gestion (ESG) débutera finalement à l’été 2015. Les prochaines étapes du Plan directeur immobilier (PDI), le déplacement du Registrariat et la construction d’un nouvel espace au-dessus du pavillon Judith-Jasmin, sont suspendus jusqu’au retour de l’équilibre budgétaire. Le casse-tête créé par l’administration avec le développement de son parc immobilier donne des maux de tête à des enseignants et étudiants de l’UQAM. Le réaménagement de différents pavillons prévu par le PDI coûte trop cher à leurs yeux. Destiné à renforcer les liens entre les facultés, le projet se butte à la frustration de nombreux membres de la communauté uqamienne.

Malgré la crise financière qui oblige l’UQAM à réduire le salaire de ses employés pour résoudre le déficit de l’année à venir, l’université a décidé de relancer le projet maintes fois repoussé du PDI. Le contrat a été octroyé à KF Construction inc. «La mise en œuvre du Plan directeur immobilier est avant tout fondée sur l’utilisation optimale des espaces appartenant à l’UQAM à la suite de la récupération d’espaces locatifs», indique la directrice des relations avec la presse de l’UQAM, Jennifer Desrochers. La manœuvre vise à faire des économies dans l’aménagement du campus de l’UQAM, mais elle est loin de plaire à tous. «Si on coupe des salaires, ça veut dire que les fonds sont insuffisants pour soutenir les activités d’enseignement, avance le directeur du Département des sciences comptables, Jacques Sarremejeanne. Il nous paraît donc irrationnel d’aller de l’avant avec le PDI.»

Si le contrat de déménagement de l’ESG s’élève à cinq millions, les professeurs se voient proposer une baisse de salaire de 2 %. La diminution passe mal, compte tenu des derniers investissements. «On offre des contrats de millions de dollars et de l’autre côté on dit qu’il n’y a plus assez d’argent pour gérer l’université et qu’il va falloir se serrer la ceinture», relève un membre du conseil d’administration, René Delvaux. L’UQAM affirme avoir transféré 12 millions de dollars du fonds d’immobilisation, soit des réserves en provision, au fonds de fonctionnement dans le but de combler une partie du déficit de l’UQAM qui s’élève à ce jour à 20,7 millions. «Si le fonds de fonctionnement est déficitaire, pourquoi ne pas le combler avec le budget pour le PDI?» questionne l’étudiant à la maîtrise. Lors du premier arrêt du Plan directeur immobilier, ce principe de transfert de fonds avait été utilisé.

Dialogues de sourds

Alors que l’université prône un regroupement des différents départements des facultés, des professeurs pensent que ce n’est pas nécessaire. Le département où travaille Jacques Sarremejeanne est directement touché par le déplacement de l’ESG vers le pavillon J.-A.-DeSève cet été. «Il nous semble important de conserver la proximité de professeurs qui travaillent dans un même département. La collaboration est importante entre collègues sur une base quotidienne. Il faut aussi un sentiment d’appartenance», explique-t-il. Le regroupement des départements serait inutile, puisque les échanges dans une faculté sont moins fréquents même si les départements sont regroupés sous le même toit, selon Jacques Sarremejeanne. «La compréhension que j’ai du PDI, c’est qu’on a voulu affecter des facultés à des bâtisses, et c’est une vision très arriérée de l’université, poursuit le directeur. Maintenant, j’ai des collègues en Europe, en Asie, partout. Être dans le même bâtiment, ce n’est pas un besoin primordial.»

Le Département des sciences comptables a exprimé au moyen d’une lettre son désaccord au conseil d’administration, qui a toutefois considéré que le doyen de la faculté avait réglé la question avec ses membres. «La direction a pris acte des préoccupations exprimées par le Département de sciences comptables et elle travaille avec le comité de gestion pour faire avancer le projet», précise Jennifer Desrochers. La déclaration contraste avec celles de membres du conseil d’administration qui croient que l’université a manqué de transparence dans la procédure. Plusieurs s’opposent aussi au projet. «Le processus a été mené de manière hiérarchique et autoritaire, avance René Delvaux. On s’attendrait à ce que tous les acteurs soient consultés, mais seuls les cadres ont été approchés.» Si le PDI a pour point de départ un constat réel et bien intentionné, l’étudiant croit, tout comme Jacques Sarremejeanne, qu’il n’est pas assez bien documenté. «On comprend le besoin d’espace, mais la manière dont c’est fait est coûteuse et pas appropriée. L’UQAM n’a pas les moyens», explique le directeur du Département des sciences comptables.

Les problèmes financiers sont au cœur de la frustration et plusieurs associations ont dénoncé le manque d’information à son sujet depuis que le feu vert a été donné en 2011. «On ne sait pas quel est l’avis de l’université sur ce PDI aujourd’hui. On ne connaît pas les échéances», rappelle le directeur du Département des sciences comptables.

Mis de côté au dernier semestre, le PDI a été relancé il y a peu, mais le développement futur de ce réaménagement est incertain. «On sait qu’on ne pourra pas le finir», confirme René Delvaux. Puisque le projet se développe en fonction des budgets disponibles, il est possible qu’il soit de nouveau mis sur la glace dans les prochaines années. Le casse-tête administratif posé par le Plan est encore loin d’être complété. Si tout se passe comme l’université le prévoit, l’ESG occupera les locaux du pavillon J.A. De Sève à l’automne.

 

Crédit photo: Andréanne Lebel

 

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