Derrière le costume

Clowns, chanteurs et magiciens ont un impact direct dans le développement de la jeunesse québécoise. Parmi ces artistes, très peu réussissent à vivre de leur passion et à joindre les deux bouts.

Pour ses fêtes d’enfants et ses spectacles dans les restaurant devant une vingtaine de petits monstres, Kiro le Clown, personnage public vêtu d’un costume coloré, est apprécié des jeunes québécois. Le clown à la tignasse rousse se dédie à sa carrière depuis 20 ans pour gagner sa vie convenablement, comme plusieurs membres de la communauté du divertissement jeunesse. Dans ce milieu difficile, les artistes qui vivent de leur art comme il le fait se font rares.

Après plus de 20 ans de carrière, Daniel Lussier se démarque dans le domaine du divertissement jeunesse. Il ne faut pas croire que cela a toujours été simple pour le quadragénaire. «Je fais autant de l’animation de mariage, des partys de famille à Noël et un clown pour les fêtes d’enfants. Le divertissement ça me connaît, je suis comme un héros pour ces enfants, mais impossible de se spécialiser dans un créneau précis, puisque les factures doivent se payer», affirme-t-il.

À la fois père, entrepreneur autonome et personnage public d’envergure dans l’univers des enfants de Saint-Hyacinthe, il trouve le moyen de concilier le tout. «Étant moi-même père, je suis demeuré toujours présent dans leur vie et j’ai développé beaucoup d’intérêt à faire rire les jeunes. Leur naïveté est belle et me procure du bien lors de mes performances», mentionne-t-il.

Dans certains cas, les artistes jeunesse réussissent à gagner leur pain dans un domaine aussi restreint que celui des jeunes. «Il y a très peu d’artistes dans le milieu jeunesse qui gagnent leur vie. Souvent ils seront appelés dans des spectacles corporatifs, des mariages ou d’autres événements qui leur permettent d’arrondir les fins de mois», indique la gérante de talents chez les Productions Pro-Star, Marjolaine Quintal.

Parmi les centaines d’artistes du divertissement plus ou moins connus en sol québécois, il y a une diversité des genres impressionnante. Les magiciens, les voltigeurs, les humoristes, les danseurs et les clowns se partagent le marché. Auparavant, le portrait se limitait aux clowns. «Avant, tous les gens qui faisaient appels à des artistes jeunesse s’attendaient à voir un clown pour amuser les enfants, maintenant, ce n’est plus vraiment le cas. Certains nous demandent des magiciens ou des experts du cirque», explique la gérante.

Certains ont la chance de voir leur talent être promu par des agences événementielles. Les Gabzy, Le Tonton Ninou Rock Band et plusieurs autres artistes ont placé la promotion de leur carrière entre les mains des Productions ProStar. «Je suis gestionnaire de la promotion des artistes jeunesse, il faut s’occuper de coordonner la promotion, les cachets pour les artistes ainsi que la distribution des pamphlets publicitaires pour qu’ils aient des contrats», affirme Marjolaine Quintal.

Difficile d’affirmer que l’engouement autour des artistes jeunesses s’est accru ou a simplement diminué au cours des dernières années. La disparition de certaines émissions jeunesse en vogue ces dernières décennies ravive le débat sur l’importance des artistes pour les jeunes au sein de l’industrie du divertissement. La plus importante mutation que la catégorie jeunesse a connu est celle de la diversité offerte. «Vous savez, les jeunes enfants grandissent rapidement et ont des intérêts qui changent aussi rapidement. Ils changent d’idées comme ils changent de sous-vêtements», scande le chanteur pour enfants Arthur L’Aventurier.

Ces émissions ont un impact direct sur le développement desenfants. L’émission vedette Passe-Partout a jouéun rôle clé dans le développement du système de valeur des jeunes qui l’écoutaient à l’époque. «Nous le considérions comme l’agent de son propre développement. L’enfant s’est senti compris et soutenu; il a acquis une plus grande confiance en lui», soutient le réalisateur de l’émission, Laurent Lachance.

Si le côté éducatif peut être est promu dans plusieurs émissions télévisuelles, le succès peut souvent être de courte durée. Passe-Partout a terminé son périple sur les ondes du diffuseur public canadien en 1998. «Après plus de 20 ans de popularité, l’émission avait perdu son souffle d’antan et ne laissait plus d’avenue à la station mère de la retirer pour y placer quelque chose de nouveau», rappelle le réalisateur de Passe-Partout, Laurent Lachance.

Si les années sont difficiles pour certains artistes, l’espoir flotte toujours. Conjuguer passion et travail peut s’avérer ardu, mais au final, quelques-uns trouvent le moyen de faire de leur passion un métier viable.

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