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La fin de la semaine approche. La fin de l’année aussi. Les photos de finissants se prenaient cette semaine. Sans trop savoir pourquoi, je m’y suis présenté. Mes parents seraient bien heureux d’en avoir une copie que je ne cessais de me répéter. J’ai mis un mortier, j’ai souri et j’ai rapidement glissé les spécimens dans mon sac à dos. Une heure plus tard, ces clichés me paraissaient bien loin. J’en suis venu à oublier de les montrer à mes parents, principaux intéressés de ces bouts de papier.

Après trois ans à l’UQAM, je ne pense pas avoir réussi à développer un sentiment d’appartenance envers cette université. Ce n’est pas par manque de volonté. Comme tout le monde, j’avais de grandes attentes en traversant l’agora du pavillon Judith-Jasmin le jour des portes ouvertes. L’université, ça devait être un moment dont j’allais me souvenir toute ma vie. J’ai déjà oublié ma première année. L’effet UQAM comprend de belles œuvres, mais ça n’a pas fonctionné pour rendre mon passage inoubliable. Parlez-en aux centaines d’étudiants étrangers et locaux qui vivent dans les résidences. Comment oublier une telle pagaille?

L’UQAM manque de projets rassembleurs pour graver les mémoires. Il faudrait plus d’initiatives comme le collectif Ras-le-bol. Le travail dévoué de bénévoles, un repas gratuit et de la musique. Ça ne prend pas trop de paillettes pour qu’on se souvienne davantage de l’UQAM. Sans compter que faire des recettes, c’est très tendance. Le Projet directeur immobilier, le Plan stratégique et le projet IMAGE, ça parle à des gestionnaires, pas des étudiants. Il manque la levure pour que le gâteau prenne du volume. Pourquoi le recteur ne passe pas plus de temps à l’UQAM plutôt que de s’envoler ailleurs pour grappiller quelques points dans le classement du Times?

À la place d’investir des millions pour déplacer d’un pavillon à un autre l’ESG, qui cherche à quitter l’UQAM pour devenir les nouvelles HEC, pourquoi ne pas rendre la bibliothèque plus accueillante. Remplacer le coin Saint-Denis et Sainte-Catherine par un grand parc jusqu’à la place Émilie-Gamelin inciterait beaucoup d’étudiants à flâner quelques heures de plus à l’UQAM. Même Denis Coderre trippe sur la piétonisation des rues. Impliquer les sans-abris dans la communauté en construisant un refuge et un centre d’injection supervisé à proximité permettrait une meilleure intégration d’un groupe important du Quartier latin. Tant qu’à être dans la liste d’idées, faire plus de place à l’art dans l’UQAM, ça charmerait plus d’étudiants que les «couilles» du pavillon Judith-Jasmin.

La vie étudiante à l’UQAM est déjà très vivante. Il suffit de canaliser cette énergie et de la transposer en projets concrets. Pourquoi ne pas l’encadrer d’un vrai campus ou d’œuvres d’arts dignes de nos finissants. Peut-être que dans 10 ans, les uqamiens pourront être fier de leur université.

Frédéric Comeau

Chef de pupitre UQAM

uqammontrealcampus@gmail.com

Twitter : @ComeauFred

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