La grande tour vide

Dans la salle des nouvelles de Radio-Canada, on peut lire sur le mur cette phrase: «la plus grande force journalistique francophone en Amérique». Je le sais parce que je passe deux jours par semaine dans cette salle. En bon étudiant en journalisme je me suis évidemment dégoté un stage à Radio-Cadenas, comme disait Pierre Falardeau.

Depuis que je suis arrivé en septembre, il y a eu les vagues de coupes d’emplois et le jour de l’Halloween durant lequel on a annoncé la fermeture du costumier, alias le plus grand en Amérique du Nord. Mesure symbolisant une attaque à notre patrimoine pour plusieurs. Je n’ai pas envie d’exposer ici les mêmes choses qui ont été répétées maintes fois à propos du singulier «plan de développement » de SRC/CBC, bien que je crois en un diffuseur public bilingue pour l’ensemble du pays. Je vais plutôt vous faire part de ce dont j’ai été témoin.

La première chose qui m’ait frappé est la charge de travail phénoménale de certaines équipes. J’ai vu des gens faire presque dix heures par jour et trouver un maigre quart d’heure pour manger vers 15h. J’ai aussi vu des gens choqués par la présence de stagiaires dans le contexte actuel. D’autres impressionnés par la témérité de jeunes voulant toujours devenir journaliste. J’ai aperçu les cernes immenses de certains animateurs sans maquillage. J’ai entendu des employés s’en prendre à leur supérieur, les accusant de ne pas faire plus d’effort pour sauver leur job. J’ai écouté des techniciens m’expliquer comment c’était difficile de retomber dans la précarité après 30 ans de loyaux services. Mais surtout, j’ai observé des gens qui malgré tout, faisaient de leur mieux pour informer leur audimat avec toute la rigueur qu’ils peuvent y mettre. Par soucis éthique? Par vocation? Par motivation salariale? Allez voir. Reste que j’ai vu des rédacteurs en chef soupirer à la suite d’une annonce qui allait certainement affecter leur téléjournal, se retrousser les manches et mettre les bouchées doubles pour produire de l’information de qualité. J’ai vu des gens croirent plus que jamais à l’importance de leur emploi et s’y adonner comme tout employeur rêverait de voir ses employés le faire. Mais surtout, j’ai vu des gens qui faisaient honneur à la phrase inscrite sur le mur de la salle des nouvelles.

L’information, ça coûte cher à produire et on a souvent tendance à prendre celle-ci pour aqcuise. Elle est pourtant l’un des piliers de toute démocratie saine.

Une dernière chose, dimanche le 16 novembre à midi, au Square Victoria, une manifestation pour la survie de Radio-Canada aura lieu. Je dis ça de même. T’sais.

 

Colin Côté-Paulette

Chef de pupitre section culture

culturemontrealcampus@gmail.com

Twitter @colinctpaulette

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