Initiations 2014, revues et corrigées

Une année s’est écoulée depuis les altercations entre des féministes et le comité d’organisation des initiations de la Faculté de communication de l’UQAM. Depuis, l’Université a amorcé un grand remue-ménage.

Perturbées par des groupes féministes qui y dénonçaient les jeux humiliants, les initiations des étudiants de communication ont attiré l’attention des médias l’an dernier. L’événement avait déclenché un débat à propos du sexisme à l’Université. Se voulant plus respectueux des initiés, tant le comité organisationnel que la direction de l’UQAM ont opéré plusieurs changements dans leur approche et leur structure.

Cette médiatisation des initiations a alerté de nombreux organes de l’UQAM à l’automne 2013. «Les évènements regrettables survenus l’an dernier allaient à l’encontre de nos valeurs institutionnelles», déplore la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers. L’UQAM a opté pour l’action. À la demande du Comité à la vie étudiante (CVE), l’Université a créé un groupe de travail, responsable de la préparation d’une formation sur le harcèlement. Le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement et le Service de la prévention et de la sécurité ont donné la formation aux associations étudiantes de l’UQAM. «Elle portait sur les enjeux entourant la tenue des activités étudiantes, incluant celles d’intégration», ajoute Jenny Desrochers. Le comité organisationnel, formé d’étudiants, a informé les initiateurs de cette formation facultative. «Nous voulions aviser les intégrateurs que certains étudiants peuvent être mal à l’aise et qu’ils devaient les épauler», explique Jérémy Leith, un des étudiants membre du comité organisationnel.

Les critiques des groupes féministes concernant les activités dégradantes l’an dernier ont forcé le comité d’organisation à changer leur déroulement. «On s’est concentré à modi- fier les initiations pour améliorer d’abord et avant tout l’expérience des initiés, plutôt que de se bâtir une carapace contre les médias», explique Jérémy Leith. Ainsi, la «pute zèbre» n’est plus. Les 20 intégrateurs ont seulement gardé la connotation animale, sans modifier leur rôle qui consiste à donner et juger les défis. Les termes grivois dans les chansons, les noms d’équipes sont interdits et fini l’utilisation d’une poupée gonflable à titre de mas- cotte. «Nous avons aussi seulement utilisé des personnages unisexes comme le lapin ou les cartes. Même si le thème est Alice au pays des merveilles, Alice ne figure pas parmi les costumes», assure Jérémy Leith. L’année dernière, après les initiations de l’École des sciences de la gestion et du Département de sexologie, celles de la Faculté de communication ont fait déborder le vase, selon Rachel Chagnon. «La dynamique a été différente cette année, croit la directrice. On sait que les associations ont déployé des efforts pour sensibiliser les initiateurs». Geneviève Pagé, professeure en science poli- tique et droit impliquée dans l’opposition aux initiations l’an dernier est aussi de cet avis. «Les initiations n’ont pas été dans le même sens que les dernières, dit-elle d’un air réticent. Ce qui était le plus inadmissible a été révisé, et c’est une bonne chose.»

Soirées festives surveillées
Pour améliorer les communications sur le terrain, chaque groupe d’initiateurs avait son initiateur ressource. «Il a fait le pont entre les étudiants et le comité, explique Jérémy Leith. Dès qu’il voyait un comportement abusif, on inter- venait.» Quant aux réseaux sociaux, les responsables ont conçu la Charte de la modération du contenu. «Nous avons supprimé tout commentaire ou publication jugé abusif, affirme-t-il. Nous avons géré le contenu sur toutes les pages Internet.»

Le comité organisateur d’Alice au pays des comms était prêt à toutes éventualités. «Nous voulions mettre les pendules à l’heure, explique Jérémy Leith. On ne pouvait pas empêcher une manifestation, mais on espérait une prise de conscience de notre volonté de changement.» Les associations étudiantes n’ont pas donné suite aux questions du Montréal Campus. L’UQAM a demandé aux étudiants de faire preuve de prudence une fois dans l’action. «Bien que l’Association facultaire étudiante des langues et communications ait pris les moyens pour que son projet s’inscrive dans le respect des politiques et règlements de l’Université, elle n’en restait pas moins responsable du bon déroulement des initiations», avance la directrice de la divi- sion des relations avec la presse à l’UQAM, Jenny Desrochers. Du même avis, Jérémy Leith a endossé toute responsabilité. «Nous avons assumé ces initiations tant à l’UQAM que dans le Quartier latin, là où se déroulaient nos activités.»

La rencontre du CVE a aussi mené à la création d’un comité où professeurs et étudiants réfléchissent sur une réforme des pratiques en matière de sexisme à l’Université. «Ce comité met de l’avant des idées concrètes pour concevoir une politique anti-sexiste pour la prévention et les sanctions», explique la directrice de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), Rachel Chagnon. De plus, l’UQAM a donné le mandat à l’IREF de réaliser une journée

de réflexion sur le sexisme, sur le modèle d’un forum de discussion. «Il y a un désir de la part des syndicats uqamiens et des étudiants d’amorcer ces méthodes», développe-t-elle. L’UQAM compte également enrayer les publicités sexistes du campus et édifier sur son site une page exclusive aux ressources actuelles en matière de violence sexuelle. Pour ajouter à ces grands moyens, une politique anti- sexiste notamment dédiée aux prochaines initiations pourrait éventuellement voir le jour à l’UQAM.

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