Non, non, ne prends pas ton avion

L’opportunité d’étudier à l’étranger fait rêver beaucoup d’étudiants parmi la communauté uqamienne. Le Service des relations internationales de l’Université commence toutefois à resserrer ses conditions d’admissibilité en raison de l’intérêt grandissant pour ses programmes d’échanges.

Entre les États-Unis, la France et la Corée du Sud, difficile de faire un choix. À l’UQAM, le Service des relations internationales (SRI) possède une grande variété de choix, avec plus de 350 partenaires internationaux dispersés dans 60 pays du globe. Or, la popularité grandissante des échanges internationaux combinée aux subventions limitées du ministère de l’Enseignement supérieur (MESRST) a forcé l’annulation de la période de dépôt de candidatures automnales pour l’hiver 2015.

Laurence Boulanger, étudiante en première année au baccalauréat en histoire, était tentée par l’idée de changer de continent pour une session. «Mon frère l’avait fait il y a quelques années et je considérais peut-être aller en Europe, car l’histoire y est si riche», raconte-t-elle. Son projet est vite mort dans l’œuf lorsque le SRI a annoncé que les demandes d’échanges pour l’hiver 2015 devaient être obligatoirement reçues au début février. Les années précédentes, le SRI tenait une seconde période de dépôt de candidatures en septembre. «C’est vraiment une décision importante à prendre et je ne voulais pas la prendre en quelques jours et courir le risque de le regretter par la suite», explique-t-elle. Les conséquences financières et la possibilité d’être séduite par un autre projet dans un an l’ont convaincue de passer son tour.

Le directeur du SRI, Sylvain St-Amand, affirme que l’inscription automnale a été retirée en raison de sa marginalité. «La grande majorité des universités étrangères laissent jusqu’à février pour recevoir les demandes, explique-t-il. C’est vraiment un petit nombre d’entre elles qui permet d’attendre jusqu’à l’automne.» À l’automne 2012, le SRI a reçu 43 candidatures sur l’ensemble des 497 demandes d’échanges pour l’hiver 2013. L’administrateur croit également que le délai entre l’inscription et le départ laisse trop peu de temps aux étudiants pour compléter leurs démarches. «Obtenir les visas et préparer un tel voyage, ça demande beaucoup de préparation», juge-t-il.

L’Université de Montréal et l’Université Laval, quant à elles, offrent deux périodes de dépôt de candidature aux étudiants désirant partir à l’hiver 2015. «C’est déraisonnable d’obliger les jeunes à décider un an à l’avance de leur destination», croit le responsable administratif des relations internationales de l’Université de Montréal, Pierre-Yves Melançon. L’Université McGill laisse encore plus de latitude aux étudiants. Ils ont jusqu’au mois d’octobre pour déposer leur dossier et reçoivent une réponse un mois plus tard, selon le site Web de l’institution.

La popularité grandissante du SRI fait également partie des facteurs qui ont motivé cette décision. «On avait moins de demandes dans le passé et on pouvait avoir un montant de réserve provenant des subventions gouvernementales dans lequel on pouvait aller piger», explique le directeur. Ce «bas de laine» a presqu’été entièrement utilisé l’an passé à la suite d’une hausse importante des candidatures. «On en a reçu environ 600 l’an dernier et ça devrait ressembler à ça encore cette année», indique-t-il. L’explosion de popularité s’est produite entre 2010 et 2011, alors que le nombre de demandes est passé de 272 à 440. À l’Université de Montréal, 750 candidatures ont été reçues, un nombre constant depuis quelques années. «La santé financière du secteur international est très bonne, nous ne considérons pas du tout restreindre l’accessibilité chez nous», garantit Pierre-Yves Melançon. En 2012–2013, le service des relations internationales de l’Université de Montréal a reçu environ 1,1 M$ en subventions du ministère de l’Enseignement supérieur, soit 350 000 $ de plus qu’à l’UQAM. En fonction de leur destination, les étudiants québécois de toutes universités confondues effectuant un échange à l’étranger sont admissibles à une bourse à la mobilité de 750$ ou 1000$ par mois jusqu’à un maximum de 3000$ ou 4000$ par session.

Nul n’est prophète en son pays

Un étudiant étranger en échange dans son pays de naissance ne peut profiter des bourses offertes par le SRI. Son directeur confirme que certains étudiants doivent se débrouiller par eux-mêmes s’ils font le choix de retourner dans leur terre natale. «C’est dommage, mais c’est la réalité avec laquelle il faut composer, ces critères proviennent du Ministère», avance Sylvain St-Amand. Il existe une certaine confusion entourant ces critères : dans quelques cas, ils sont carrément ignorés par certains établissements. L’Université de Montréal procède différemment avec de tels dossiers. «La bourse de mobilité est accessible à tous, assure Pierre-Yves Melançon. Un Français d’origine qui va vivre chez de la famille pendant son échange aura droit à de l’aide de l’Université.»

Depuis cette année, tous les étudiants sans citoyenneté canadienne doivent se débrouiller sans l’aide financière du SRI. Titouan Moal, natif de Nouvelle-Calédonie et étudiant en journalisme, partira en Turquie à l’hiver 2015 et a dû changer ses plans originaux pour sa destination. «Mes parents m’aident financièrement, mais sans les bourses, je ne pouvais pas me permettre d’aller à un endroit où le coût de la vie était élevé», explique-t-il. Déçu de la situation, il comprend néanmoins la décision de donner la priorité aux citoyens canadiens. «Je suis déjà étranger ici, il faut laisser la chance à tout le monde de voyager et d’aller étudier ailleurs», croit le Néo-Calédonien.

D’autres mesures pour resserrer l’admissibilité au SRI sont envisagées par l’administration. Des discussions se tiennent présentement avec les facultés et toutes les options sont sur la table. «La compétition est féroce entre les universités, donc on ne ferme pas la porte à une telle possibilité, avoue le directeur. C’est sûr que si on a des problèmes de financements dans l’avenir, les meilleurs étudiants pourraient être avantagés.»

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