Un col-roulé dans le métro

Cette semaine, j’ai fait une folie. Entre mes nuits blanches de fin de session et le tourbillon des cadeaux de Noël qui s’amorce, j’ai acheté un livre. Même pas un recueil de textes pour l’école ni un guide pratique pour rédiger mes travaux. Un livre, un vrai.

Je passe tout de suite les clichés typiques du temps des Fêtes. Non, je ne vais pas lire ma nouvelle acquisition devant un feu de foyer avec un col-roulé à flocons. La seule fois où j’ai essayé, j’ai réussi à enfumer mon sous-sol. La cheminée était bouchée. Exit aussi le doux cliché du livre dans son divan mou à côté de la fenêtre. Hochelaga exige, mes fenêtres laissent passer à peu près n’importe quelle rafale hivernale. Je repasse pour le confort.

Je raccourcis aussi le long débat du prix du livre. Pas que ce n’est pas intéressant. C’est plus que pertinent. On mérite de s’y attarder au moins une phrase ou deux, même. Les gros méchants Costco de ce monde ne voulaient pas fixer le prix des nouveautés à un montant fixe pour laisser une chance aux petites librairies. Du gros mépris sale. Maka Kotto a tranché en proposant un projet de loi qui limite à 10% le rabais d’une œuvre pour les neuf premiers mois en magasin.

Mais c’est Noël, après tout, et n’oublions pas que j’ai acheté mon premier livre depuis un bon six mois. Faux. Je devrais plutôt dire que j’ai acheté mon premier livre à but de non-étude pour une première fois en six mois. J’ai l’impression de m’être procuré un billet de croisière vers les Bahamas. N’empêche, c’est presque ça.  D’ailleurs, je conseille la même chose à tous les étudiants à bout de souffle qui comptent les jours jusqu’au 16 décembre, fin officielle de la session. Non, cette chronique ne dressera pas un portrait des avantages et des inconvénients de la lecture et n’abordera pas un problème de la culture. C’est bientôt la célébration de bébé Jésus, il faut bien trouver le moyen de se détendre. Et justement lire, ça calme. Fin de la leçon moralisatrice.

Revenons-en à ma nouvelle acquisition. J’ai opté pour La frousse autour du monde, tome 4. Traitez-moi de publicitaire sans âme, mais je l’aime Bruno Blanchet. Il a donné à toute une génération d’ado un peu attardé (je me compte du lot) le goût de voyager et même d’écrire. Si je tape ces lignes aujourd’hui, c’est pas mal grâce à lui. Donc pour cette fois, j’oublie le débat sur le prix du livre. J’y penserai en revenant des partys des Fêtes. Pour l’instant, ça va être moi et la Frousse, en tête à tête. Dans le métro, probablement. Au diable le divan confortable, je lis principalement sous terre, aussi peu glamour que ça puisse paraître. Bon éclairage, un banc plus que correct (si je suis chanceuse) et surtout un bon vingt minutes de temps libre devant moi. Hallelujah, je n’en demandais pas tant.

On le néglige souvent, le livre. Bon nombre de personnes m’ont déjà dit qu’ils «oubliaient» de lire. Cet être mésestimé est pourtant à l’origine de bien des débats. Principalement de films. Sans roman, pas de Twilight, pas d’Harry Potter et même pas de Seigneurs des anneaux (deux classiques, je vous laisse choisir quels films je cible). On peut dire un gros merci aux auteurs de fournir autant de matière aux scénaristes. Peut-être pas à Stephenie Meyer, mais c’est un autre débat.

Oui, c’est parfois encombrant un livre. Ça se plie, ça se tord, on perd notre page, on l’échappe, mais rien ne peut caractériser la fébrilité qui nous envahie quand on voit le nombre de pages final se rétrécir au fil de la lecture. Va-t-il mourir? Qui est le meurtrier? J’ai eu bon nombre de ces débats autour de romans dans LA bus de Sherbrooke.

J’arrête le sentimentalisme fleur bleue. La neige, ça m’attendrit sur n’importe quel sujet. Pire, je commençais presqu’à dire que la littérature était à la base des plus belles amitiés et bla bla radotage de mémère bla bla. J’ai arrêté à temps. De toute manière, Bruno m’appelle et j’ai un métro à prendre.

Marion Bérubé

Chef de pupitre Culture

culture.campus@uqam.ca

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *