Non c’est pas fini

Il fait gris dehors, le vent souffle et j’ai envie de me recoucher. Quand je ferme les yeux un peu, je pense entendre des vagues. Je ré-ouvre les yeux. C’est pas des vagues, c’est le vrombissement lointain des pneus sur la chaussée humide, c’est les branches qui tanguent et leurs bourgeons larmoient quelques petits sanglots. Un matin banal banal, la chaussée humide, j’ai envie de me recoucher.

Mon frigo démarre son traditionnel bruit réconfortant, qui me ramène à ma cuisine, à mon portable, à mon écran et à ce début de chronique qui n’en est pas un. Voilà que c’est ma dernière chance de chialer ici. À parler de bibliothécaires, à faire des comparaisons douteuses entre les fromages et la politique, à parler d’urbanisme, d’Agnès Maltais, mais aussi de chauffeurs de taxi et un peu du pape, mais pas vraiment. Et papepi et papepa. Le panel est large, la «société» est vaste.

C’est ma dernière chance et je pense que je vais me borner à simplement dire au revoir. Vous savez, c’est un matin comme ça, vroum vroum, fait le frigo. Je n’ai pas vraiment de talent pour les adieux, alors je vais passer par plusieurs détours. Si ça vous emmerde, arrêtez de lire, mes chers lecteurs. Mes chers cinq lecteurs. La société ce matin, elle a aussi envie de se recoucher. Se coucher sur le gouvernement minoritaire, se coucher sur la juge Charbonneau, se coucher sur les explosions, se coucher sur le méchant Harper, se coucher sur Justin Trudeau, se coucher sur François, et se coucher, pour ces étudiants comme moi, sur ces presque trois sessions consécutives. La société serait peut-être due, aussi, pour se coucher un peu sur Twitter qui la tient sempiternellement en état d’éveil hyperactif.

La société a besoin de dormir un peu, mais pas tant que ça. Il y aura toujours des gens allumés pour la ressusciter. Comme ce nouveau chef de section Société, à qui je passe avec le plus de grâce que ma fatigue me le permet, le flambeau. Il vous arrivera de Séoul, il est passionné, talentueux, fringant et saura mener la gouverne de la «société».

Dans cette section, ce dont je serai le plus fière, ce n’est pas de ces humbles petites chroniques que j’aurai rédigées, mais de ces articles pondus par tous ces dévoués collaborateurs qui font vivre le journal-école qu’est le Montréal Campus. Parfois leurs articles ne les auront pas menés là où ils s’en attendaient. Parfois ils auraient voulu écrire le meilleur papier du monde. Parfois ils ont eu peur et j’ai eu peur pour eux, mais toujours ils ont réussis à livrer la marchandise. Pour toute cette équipe qui travaille d’arrache-pied et à partir de rien, je trouve qu’elle s’en tire pas mal.

La section Société aura cette année, exploré des zones les plus cocasses aux plus arides, mais toujours livré dans un style alternatif et humain.

Et soudain, je n’ai plus envie de me recoucher.

Longue vie à toi, Montréal Campus, continue de redonner du pep à la société parfois fatiguée!

 

Émilie Bergeron

Chef de pupitre Société

société.campus@uqam.ca

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