La tyrannie des assos

J’ai payé ma facture étudiante l’autre jour. Résultat : ma carte de crédit croule sous les petites dépenses.

C’est bien beau les frais de scolarité, mais on nous charge 39,33$ en frais technologiques (Allo, quoi? T’as pas d’ordinateur portable?), 40$ pour l’animation sportive (je n’y mets jamais les pieds) ou encore 62,20$ en frais généraux (c’est tellement général, on ne sait pas à quoi ça sert).

Et, comble de la folie dépensière, on ose me faire payer 23$ par session pour une association facultaire qui ne fait qu’organiser des assemblées générales de temps en temps. Le reste du temps, l’exécutif vedge dans son local, boit du thé tout au plus. Je ne sais pas trop ce qu’il fait concrètement. Mais bon, je ne prends pas le temps de m’informer non plus.

Ce que je ne sais pas, c’est que ma voisine de casier s’est fait couper ses versements d’aide financière et qu’elle ne voit pas comment elle pourra manger à sa faim dans deux semaines. L’asso l’a prise sous son aile et l’aide à trouver une banque alimentaire à Montréal, en plus de la référer à divers organismes en attendant qu’elle trouve une solution.

Si je prenais le temps de m’informer, je saurais aussi que le directeur de maitrise du frère de mon ami s’est approprié des conclusions de sa recherche, violant ainsi sa propriété intellectuelle. L’exécutif entame des procédures pour faire valoir ses droits.

Deux étudiants de l’Université Laval tentent présentement de modifier la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants, qui impose la cotisation obligatoire sur la facture étudiante. Elle contreviendrait aux articles 2b et 2d de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantissent le droit d’association.

En ayant recours aux tribunaux, ils espèrent se soustraire du «monopole» et de la «tyrannie» de certaines associations étudiantes qui ne rembourseraient pas la cotisation à la demande de l’étudiant. Au lieu d’être facturé directement, ils privilégieraient l’adhésion à une association étudiante au choix, comme le font les étudiants français.

Je pourrais décider de laisser ma carte de crédit souffler un peu ou agir dans l’intérêt de la Charte canadienne des droits et libertés et retirer ma cotisation. Je n’aurais alors aucun droit de regard sur les décisions prises en assemblée générale. Les votes de grève se décideraient sans moi. Mes représentants étudiants n’auraient pas à m’aider dans des situations particulières. Je pourrais quand même lire les journaux facultaires, manger le repas gratis de Ras-le-Bol (question d’alléger ma carte de crédit, tsé).

Je pourrais moi-même décider de lancer un projet qui bénéficierait à tous les étudiants. Mais mon asso ne me donnerait pas les quelques centaines de dollars qui m’aideraient à réaliser ledit projet.

Alors oui, je paie une vingtaine de dollars pour une association étudiante, tout comme les milliers autres personnes de ma faculté. J’ai droit de participer au processus démocratique de celle-ci, de demander de l’aide, d’avoir une organisation qui représente ma condition estudiantine et qui a du poids face aux instances universitaires.

Reste à voir si la Cour supérieure tranchera en faveur de ces associations «tyranniques». Pour protester, rien de mieux que de coller un sticker «Écoeuré de payer» de Radio X sur mon pick-up. Ma carte de crédit devrait être capable de supporter ça.

Catherine Lévesque
Rédactrice en chef
redacteur.campus@uqam.ca

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