Un consensus discutable

Le Sommet sur l’enseignement supérieur a pris fin mardi midi avec l’imposition d’une l’indexation annuelle de 3% par année. Si certains participants disent repartir avec des gains, les associations étudiantes présentes déplorent la tournure des événements.

«On est déçus de voir qu’on est allés de l’avant malgré l’absence de consensus, mais encore une fois les étudiants ne repartent pas les mains vides», nuance la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins. Sa collègue de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) Éliane Laberge s’est dite quant à elle déçue que le gel des frais de scolarité ait été évacué aussi rapidement par le gouvernement, alors qu’«il n’y a présentement aucune étude sur les conditions de vie des étudiants québécois».

Le gouvernement déposera une loi-cadre qui permettra de clarifier la mission des universités au Québec. Il va aussi de l’avant avec la création d’un conseil national des universités. «Ce n’est pas une patente ce conseil-là, c’est une institution qui travaillera fort pour nous aider à ajouter de la cohérence dans le réseau», a mentionné le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne.

Le gouvernement et les recteurs se sont aussi entendus sur une meilleure reddition de comptes, simplifiée et allégée. «On est prêts à rendre des comptes, on n’a rien à cacher, on en rend énormément, mais ce n’est pas accessible à la population. On est prêt à les rendre accessibles avec grand plaisir», a mentionné Luce Samoisette, présidente de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ).

Le gouvernement propose aussi des nouvelles mesures de soutien de 714 millions de dollars au total d’ici 2019. Luce Samoisette espère toutefois qu’il y aura un réinvestissement dans les universités en 2014-2015, après deux années de compressions budgétaires de 250 millions de dollars. Elle craint aussi que les universités québécoises maintiendront leur retard par rapport aux universités canadiennes. «Ça va être très difficile de rattraper les universités canadiennes, parce que, comme mon collègue Guy Breton l’a dit, en 2018-2019 on sera encore de 25 % en bas de ce qui se fait ailleurs»

Pas de consensus
Dans son discours de clôture, la première ministre Pauline Marois a reconnu qu’il existe un fossé entre ceux qui prônent l’indexation, la gratuité et le gel, mais a souligné que l’indexation mesurée à la croissance du revenu disponible demeure une proposition «raisonnable et juste». «Ça l’est pour les universités, ça l’est pour les étudiants et ça l’est pour les Québécois. Elle permettra de stabiliser la contribution étudiante et d’éviter ces hausses dramatiques qui provoquent des crises», a-t-elle fait valoir à l’issue du Sommet. «La crise sociale est derrière nous», a martelé la première ministre.

L’opposition officielle a vivement critiqué le manque de leadership du gouvernement. «Madame Marois ne prend aucune décision. C’est un sommet de pelletage, c’est le pelletage de facture dans la poche des payeurs de taxes, puis c’est le pelletage en avant de plein de sujets, a dénoncé le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Jean-Marc Fournier. Les payeurs de taxes se font avoir et se font laver.»

Manifestation pour la gratuité scolaire

Aussitôt le Sommet terminé, une manifestation s’est mise en branle afin de réclamer la gratuité scolaire. L’événement était organisé par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE), qui avait choisi de boycotter le Sommet, en l’absence d’ouverture du gouvernement. Les quelques 10 000 participants s’étaient donné rendez-vous au Square-Victoria vers 14h. Dès le début, la manifestation a été déclarée illégale,le trajet n’ayant pas été donné aux policiers. Ceux-ci l’ont toutefois tolérée, pourvu que les manifestants restent calmes. Toutefois, vers la fin de la marche, des affrontements entre policiers et manifestants sont survenus sur la rue St-Denis, aux alentours du carré St-Louis. Des manifestants lançaient alors des balles de neiges et des morceaux de glace aux policiers. L’escouade anti-émeute est alors intervenue. Au total, une dizaine d’arrestations ont été effectuées au cours de l’opération. Selon le porte-parole du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), Ian Lafrenière, seul un policier a été blessé au genou à la suite de cette intervention. Le calme a repris dans les rues du centre-ville aux alentours de 18h.

L’ASSÉ prévoit continuer la mobilisation en organisant une manifestation nocturne dès le 5 mars prochain. La FECQ et la FEUQ veulent attendre de consulter leurs membres avant de décider si elles vont descendre dans la rue pour protester contre l’indexation des frais de scolarités nouvellement annoncée à l’issue du Sommet.

Crédit photo: Félix L. Deslauriers

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *