Alma mater ou mère nourricière

Il m’est arrivé à plusieurs reprises lors de mes trois années passées à l’UQAM de croiser la mascotte verte en velours en forme de 8. Oui oui, tsé celle qui fait des «tatas» à tous ceux qui passent. Oui, celle qui donne des mousquetons au début de l’année lorsque tu vas prendre ta photo pour ta carte étudiante dans le Centre sportif.

C’est ce chiffre ambulant qui est censé promouvoir les saines habitudes de vie au sein de la communauté uqamienne. Outre le fait que cette campagne publicitaire est digne de Watatatow et que j’oublie tout le temps mon satané mousqueton lorsque je croise la mascotte, je trouve qu’il est brillant pour une institution universitaire de promouvoir une bonne hygiène de vie auprès de ses étudiants.

Enfin, cette mascotte numérique rappelle entre autres aux étudiants de faire de l’activité physique sur une base régulière, d’exiger un espace sans fumée, de protéger son plaisir (sa sexualité), etc. Elle nous recommande également de «s’alimenter de façon optimale».

Et c’est là où je veux en venir.

Financièrement, être étudiant, c’est une profession précaire. Avec les frais de scolarité à payer, le loyer, le compte d’électricité, le téléphone cellulaire (ben oui, ils ont tous des iPhone ces maudits-là), le transport en commun, la cagnotte est souvent à sec pour certains étudiants. La qualité des épiceries estudiantine en prend alors pour son rhume. Entre l’alphaghetti et les pizzas pochettes, les repas hauts en valeur nutritive sont plutôt rares.

À peine plus nutritifs qu’une pizza pochette, les dispendieux repas de la cafétéria ne représentent souvent pas une option pour la faim des étudiants.

Devant une telle situation, on ne peut que se réjouir d’un projet comme Ras-le-bol. L’initiative étudiante de créer une soupe populaire permanente à l’intérieur des murs de l’UQAM ne peut être qu’une bonne idée. Offrir des repas chauds aux étudiants qui n’ont pas les moyens de se payer des bons repas ne peut que cadrer dans la philosophie de «l’Université du peuple». Après tout, l’Université Concordia a sa cuisine populaire en People’s Potato. Idem pour Mcgill avec Midnight Kitchen (voir À couteaux tirés)

Pourtant, il n’en est rien. En 2011, un comité du Groupe de recherche d’intérêt public (GRIP) avait informé l’UQAM de son intention de fournir des repas chauds gratuitement à la communauté universitaire. La réponse de l’UQAM, par courriel, avait alors attiédi leur élan de générosité. La direction menaçait en effet le GRIP de lui couper les vivres si la soupe populaire était mise en place.

Cette fois, l’initiative Ras-le-bol n’est affiliée à aucun groupe étudiant. L’UQAM marche donc sur des œufs (sans mauvais jeu de mots). Elle a perdu son outil de prédilection : le chantage. L’organisation étudiante n’a aucun compte à rendre à l’institution. Elle ne reçoit aucun financement de la part de l’UQAM et ne compte pas lui en quémander.

Il sera intéressant de voir comment l’administration tentera de mettre des bâtons dans les roues d’une initiative sociale progressiste qui, pour moi, n’a que du bon.

Bonne chance à Ras-le-bol et à son alma mater.

Étienne Dupuis
Chef de pupitre UQAM
uqam.campus@uqam.ca

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