Création champêtre

Bivouac éloigné du tumulte des grandes villes pour certains, création zen pour d’autres, les campagnes attirent les artistes en quête d’inspiration.

Un pied en ville et l’autre en campagne, Yann Perreau retrouve le calme après la tempête. Après les séries de spectacles et les tournées de bars, il revient aux effluves de la forêt et des grands espaces de Saint-Liguori. «L’avantage c’est le silence, le calme de la rivière», estime-t-il. Que ce soit pour composer ou pour enregistrer, un nombre croissant de musiciens québécois plie bagage pour aller faire le plein dans le calme paisible de la campagne.

Le conteur Fred Pellerin croit que cet éloignement est nécessaire et permet de focaliser sur la musique. «Juste pour sortir de la routine. Se concentrer complètement sur une chose. En ville, je finirais au resto ou assis dans un théâtre! Dans le bois, il n’y a rien. Ou tout. Mais dans le sens de ce qu’il faut», confie celui qui est originaire de Saint-Élie-de- Caxton. Il avoue que dans l’industrie musicale, les moments où il est possible de créer sans se faire déranger par des coups de téléphone ou des visiteurs se font rares. Selon lui, il est nécessaire de s’isoler des grands centres urbains pour se concentrer à 100 % sur un projet. «Pour moi, il est naturel de ne pas courir après la ville. Je penche naturellement vers le village, là où je suis le moins dépaysé, reconnaît cet amoureux de la nature. Le fait que ça permette de s’isoler, de sortir de son cadre habituel, ça joue beaucoup sur l’efficacité de l’aventure.»

En ville, la pression de la vie sociale est grande, avoue quant à lui le chanteur et guitariste du groupe québécois Vulgaires Machins, Guillaume Beauregard. Dur de résister à la tentation de sortir dans un bar avec des amis. Pour remédier à la situation, il s’éloigne de la ville et compose lorsqu’il en a l’occasion. «C’est pertinent pour éliminer les distractions et augmenter le focus. Ça permet souvent de travailler plus d’heures dans une journée et même la nuit.»

Jérôme Dupras, bassiste des Cowboys Fringants, croit pour sa part que la chimie du groupe peut se faire autant à Montréal qu’en région. «Sortir de la ville permet de composer dans le calme, mais il est tout aussi possible de le faire dans la grande métropole», constatet-il. Pour Yann Perreau, les deux environnements restent tout aussi inspirants. «J’ai autant besoin de la ville que de la campagne, soutient-il. Les deux ont leurs avantages et m’apportent quelque chose d’unique.»

 

Ambiance en bois rond

Le propriétaire du Wild Studio à Saint-Zénon, Pierre Rémillard, possède un studio d’enregistrement situé sur le flanc du lac Sawin. Au fil des ans, les équipements d’enregistrement sont devenus portatifs et ont permis à Pierre Rémillard de quitter son studio à Montréal. Éloigné des autres habitations, son studio rustique attire les artistes en quête d’isolement qui leur est bénéfique. «L’avantage, c’est qu’on ne se sent pas pressé. Il est important de miser sur les sentiments du groupe. Ça permet de travailler plus efficacement», reconnait-il.

Entouré d’une équipe de cinq réalisateurs et ingénieurs, il fait l’enregistrement en entier et le mastering à même le studio. Les tarifs sont plutôt similaires à ceux des studios à Montréal. Les artistes qui y vont pour enregistrer un album au complet restent en moyenne de 15 à 30 jours. «Le fait d’être 24h sur 24 avec les gars, de les côtoyer lors de repas par exemple, me permet de mieux capter l’énergie du groupe et comprendre ce qu’ils recherchent», explique Pierre Rémillard.

Au moment d’enregistrer leur troisième album, les Vulgaires Machins se sont retirés durant un mois au Wild Studio. Un lieu idéal pour se retrouver dans une bulle artistique, estime Guillaume Beauregard. À ses yeux, l’opportunité que le groupe se retrouve en entier dans un chalet, loin du train-train quotidien, permet de créer des liens plus solides au sein des membres du groupe. «Enregistrer dans un environnement comme celui-là est simplement fantastique, confie le musicien. C’est inspirant!» Yann Perreau observe la rivière. À Saint-Liguori, submergé par la nature il attend l’inspiration.

Illustration: Cloé Létourneau

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